Les paroles du texte de l’évangile de ce dimanche sont très dures à entendre et comprendre. Où est le Jésus accueillant, écoutant, compatissant, aidant, aimant ? Qui peut d’ailleurs le suivre ? N’est-il pas légitime, normal, humain d’enterrer son père, d’aller dire au revoir à sa famille et ses amis ? Pourquoi une telle exigence ?
Bien sûr, l’heure est grave pour Jésus, il monte vers Jérusalem et il sait que les choses vont mal tourner. Luc connait la fin tragique : l’arrestation, le jugement, la mort sur la croix. Il sait aussi que les disciples l’ont abandonné, se sont dispersés, cachés, enfuis. Seuls au pied de la croix Marie, quelques femmes et Jean. Luc croit en la résurrection et en vit. Sa relecture de cette montée à Jérusalem, de la rencontre de ceux qui veulent suivre Jésus ou de ceux qu’il appelle, est marquée par cette urgence : c’est maintenant ou pas du tout. A eux de se décider en sachant que la vie de disciple ne sera rude.
Ce texte de l’évangile nous invite aux choix de fond, aux engagements définitifs, aux décisions claires. Bien sûr que nous pouvons aller enterrer nos parents et amis, que nous pouvons faire nos adieux à nos proches, mais après quel choix ? Avons-nous définitivement pris parti pour le Christ, l’avons-nous choisi pour guide ? Acceptons-nous les exigences de l’évangile ? Une personne disait dans un groupe quoi réfléchissait sur ce texte : « Quand je l’ai demandé en mariage, je ne m’attendais pas à ce qu’elle me dise : ‘je réfléchis’, ‘je vais en parler à maman’, ‘je vais consulter ma meilleure copine’. Pour moi, il y avait urgence qu’elle dise oui ! »
Dans l’évangile de Jean, Jésus dit : « Je suis le chemin, la vérité et la vie ». Choisir son chemin, vivre avec lui, voilà l’appel que nous devons entendre de toute urgence pour devenir ses disciples. Et nous le sommes ! Alors la Bonne Nouvelle que nous pouvons entendre est que si nous sommes engagés à la suite du Christ, nous vivons en communion avec lui et Dieu, nous partageons leur vie. Comme dit saint Paul aux Galates, nous sommes appelés à la liberté, non pour servir notre égoïsme, mais pour aimer notre prochain comme nous-mêmes. Si nous suivons ce chemin de l’amour et du don de soi, qui est très exigeant, nous vivons dans la joie, la paix, la patience, la bonté, la bienveillance, la douceur et la maitrise de soi, nous dit encore Paul dans la même lettre.
Il y a urgence pour nous d’aller de l’avant. Il y a urgence pour nous de nous mettre sans réserve à la suite du Christ, car loin de nous couper du monde, il nous y renvoie pour que nous apportions à tous, l’amour et la fraternité dont nous avons tant besoin.
Le Christ nous attend, maintenant !
Père Jean COURTES