
La scène est bien connue : un cercle de pharisiens et de scribes, Jésus et la femme adultère au centre. L’accusation est claire et la réponse de Jésus attendue. Ne nous trompons pas, le vrai accusé est Jésus, la femme adultère un prétexte. Ils espèrent coincer Jésus une fois pour toutes car soit il est pour la Loi de Moïse et il condamne cette femme, soit il veut la sauver et alors il est contre la Loi. Jésus prend le temps de la réflexion pour déclarer : « que celui qui est sans péché, lui jette le premier une pierre ». Comprenons bien : Jésus ne leur dit pas que celui qui n’a pas commis d’adultère lui jette le premier une pierre, mais que celui qui n’a jamais commis de péché contre la Loi de Moïse. Il élargit la question. Ils veulent le piéger sur son interprétation de la Loi, qu’ils se questionnent sur leur pratique. Jésus ouvre une troisième voie car ils demandent aux juges de se juger eux-mêmes en conscience. Ce qu’ils font d’ailleurs puisqu’ils quittent petit à petit la scène. Jésus regarde le pécheur, non le péché !
Quelle bonne nouvelle ! Il ne faut jamais réduire une personne à un acte de sa vie. Il ne faut jamais enfermer une personne dans le mal qu’il fait ou a fait. Elle est toujours plus que cela. Combien de fois nous laissons-nous piéger en ne voyant plus que le mal ?
Dans cet évangile, la femme n’a pas de nom. C’est vous, c’est moi, c’est toute l’humanité qui s’est détournée de la Loi de Dieu, une loi de respect d’amour et de fraternité. Sur le Sinaï, Dieu donne à Moïse une loi pour le bonheur et la prospérité de son peuple. Avec elle, il vivra, en se faisant des veaux d’or, il ira vers la mort. La loi donnée à Moïse est là comme un guide, un repère pour choisir la vie. Toute personne a toujours une possibilité de trouver une nouvelle vie, de changer et pour cela elle a souvent besoin d’accompagnement et de soutien. « Alors où sont-ils ? Personne ne t’a condamnée ? » « Moi non plus je ne te condamne pas ». Jésus ne lui dit pas que l’adultère n’est pas grave, mais il lui ouvre la possibilité de vivre autrement. A elle de choisir.
Jésus nous révèle le vrai visage de Dieu : il nous aime, il veut notre bonheur et notre vie, il ne condamne pas mais relève, il n’enfonce pas mais accompagne. Quelle libération ! Pour autant est-ce si facile à vivre ? Est-il aisé de ne plus penser à soi mais aux autres ? Est-ce si simple de s’offrir, de donner sa vie comme Jésus ? Nous connaissons la réponse.
Qu’a fait cette femme après le « va et ne pèche plus » ? A-t-elle changé de vie ? Nul ne le sait et c’est heureux, car l’injonction est adressée à chacun d’entre nous personnellement et collectivement. Changeons dans nos vies tout ce qui va vers le malheur et la mort. Mettons-nous sur le chemin d’une vie fraternelle, ouverte, pour notre bonheur et celui de notre entourage. Ensemble allons-nous changer le regard de nos sociétés, de notre Église ? Cherchons-nous comme Jésus une troisième voie qui n’enferme pas celui ou ceux qui sont en faute ? Cherchons-nous les mots et les attitudes qui donnent la vie ? C’est le chemin de la Résurrection, c’est le chemin de Pâques.
Père Jean COURTES