3ème dimanche du temps ordinaire

21/01/2024

Jonas

Lectures : Jon 3, 1-5.10 | Ps 24 (25) | 1Co 7, 29-31 | Mc 1, 14-20

Pour l’anecdote, nous commencions notre échange sur les textes du jour à la Maison de la Sagesse quand un ami de Henri est passé le voir pour prendre un pot – un rendez-vous en doublon… Henri lui a expliqué l’objet de notre réunion et l’a invité à se joindre à nous. Cet ami, non pratiquant, aurait pu attendre Henri dans la salle d’à côté, à lire un livre ou à consulter son portable, mais non, sans hésiter, il est venu transformer notre trio en quatuor. A-t-il vu le signe de la présence de Dieu au sein de notre trio ? « Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là au milieu d’eux » 

Nous avons choisi de vous partager trois réflexions, qui ont émergé de notre dialogue autour des textes : la 1ère, l’appelle de Dieu et la naissance de la foi ; la 2ème, l’immédiateté du Royaume de Dieu, ne pas remettre à demain la mise en conformité de nos vies ; et enfin la 3ème, la puissance de la parole de Dieu qui nous accompagne dans nos actions. Nous y associerons une remarque.

1. l’appelle de Dieu et la naissance de la foi :

L’appel vient de Dieu dans le livre de Jonas, de Paul dans l’épitre aux Corinthiens et de Jésus chez Marc. L’extrait de l’épitre ne nous donne pas à voir la réaction de l’auditoire de Paul, mais nous avons été frappés par la réaction des ninivites et par celle de Simon, André, Jacques et Jean. Ils répondent tous de manière immédiate à l’appel, appel de Dieu : les paroles de Jonas sont celles que Dieu lui a donnée ; de même Jésus s’exprime après que l’Esprit Saint est descendu sur lui une fois baptisé par Jean-Baptiste. Cette réponse est un engagement qui semble être déclenché subitement sans passer par l’étape d’une réflexion, d’une analyse raisonnée des paroles entendues. La proclamation de Jonas d’ailleurs n’explique pas pourquoi il faut croire en Dieu ni ce que cela signifie, « Encore quarante jours, et Ninive sera détruite ! », et pourtant, c’est comme une évidence pour les ninivites « Aussitôt, les gens de Ninive crurent en Dieu » et firent pénitence. Cette proclamation semble agir comme un signe déclencheur de leur foi. Il semble en être de même pour Simon, André, Jacques et Jean qui tous emboitent le pas de Jésus à son appelle sans autre questionnement. Nous nous sommes demandé quelle pourrait être notre réaction aujourd’hui si nous croisions un homme dans la rue Abel Gance, à côté, ayant les mêmes propos que Jonas ou Jésus. Nous serions sans doute méfiants soupçonnant encore un de ces gourous d’une secte étrange. Nous avons fait l’analogie de cette adhésion pleine et immédiate avec celle du coup de foudre amoureux. La parole de Dieu mise dans la bouche de Jonas, l’esprit saint descendu sur Jésus opéreraient t’ils telle la flèche de Cupidon ?

2. l’immédiateté du Royaume de Dieu, ne pas remettre à demain la mise en conformité de nos vies :

Les 3 textes présentent des situations d’un changement imminent, voire immédiat : la destruction de Ninive dans le livre de Jonas ; le fait de poser son ouvrage et de suivre Jésus maintenant chez Marc ; les temps sont accomplis et le règne de Dieu est tout proche chez Paul. Le message qui nous est apparu se dégager de ces trois textes est que le Royaume de Dieu, que nous voyons souvent comme au-delà de la mort, dans un futur plus ou moins proche selon nos âges, est en fait déjà là. Il est comme en surimpression au monde contemporain. Paul ne nous invite pas à changer nos vies, mais à prendre du recul, à nous détourner des préoccupations de ce monde et à orienter nos vies vers l’essentiel tel qu’on l’imagine dans le Royaume de Dieu, conforme à la parole de Dieu. Chez Marc, les futures disciples quittent tout, leur ouvrage et leur famille, pour suivre Jésus. Cela nous a fait penser à ce qui se passera au moment de notre mort quand nous suivrons Jésus dans l’au-delà, comme si le futur faisait irruption dans le présent. Il s’agit donc de nous mettre en conformité dès maintenant, que cela soit notre priorité aujourd’hui, de ne pas remettre à demain. Henri nous avait confié la tristesse qu’il avait éprouvé en apprenant la mort d’une voisine âgée dont la famille résidait en province. Il se demandait si elle n’avait pas été un peu isolée avant sa mort et nous avons vu là un exemple de priorité que nous pourrions mettre dans notre quotidien, rendre visite à nos voisins qui sont susceptibles de souffrir d’isolement.

3. la puissance de la parole de Dieu qui nous accompagne dans nos actions :

La tâche de Jonas parait insurmontable, Jonas, un juif, aller faire une telle proclamation à Ninive, immense ville païenne et ennemie jurée d’Israël ; celle de Jésus improbable. Et pourtant elles se réalisent avec une facilité déconcertante, sûrement du fait de la présence de Dieu dans la parole de Jonas et au travers de l’Esprit Saint reçu par Jésus. Jonas accomplit la sienne en « une journée à peine » alors qu’il fallait au moins trois jours pour traverser Ninive. Nous nous sentons souvent écrasés par l’ampleur ou la difficulté de la tâche, en particulier celle de nous mettre en conformité avec la parole de Dieu, mais nous oublions que notre mission est faite « par lui, avec lui et en lui ».

Enfin la remarque que nous souhaitions faire est celle de la portée universelle de l’appel de Dieu. Les ninivites sont des étrangers païens. De même, Simon, André, Jacques et Jean sont appelés à être des « pêcheurs d’hommes », tout homme.

En cette semaine de prière pour l’Unité des chrétiens, il est bon de se rappeler que Dieu aime tous les hommes, les païens aussi, et donc à fortiori tous les chrétiens, quel que soit leur sensibilité ou leur appartenance.

Ceux que nous considérons comme des païens ou des pécheurs sont souvent plus prêts que nous à écouter la Parole de Dieu. Jonas, le juif, avait commencé par désobéir à Dieu dans le 1er chapitre alors que les ninivites, païens, se sont tout de suite conformés à la parole de Dieu portée par Jonas.

Emilie, Henri et Jean-Paul

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