5ème dimanche de Carême

03/04/2022

Jésus et la femme adultère

Is 43,16-21 | Ps 125 (126) | Ph 3, 8-14 | Jn 8, 1-11

De nos échanges à propos des textes de ce jour, nous avons choisi, en résonance avec eux deux fils :

  • La relation au passé, avec la tentation de s’y enfermer
  • la mise en mouvement vers l’avenir, sans visibilité parfois, mais dans la confiance

Le passé :

Le passé nous a constitué, individuellement et collectivement, mais à trop s’y référer, on prend le risque de s’y enfermer :

Parlons-en en trois points particuliers :

s’enfermer dans l’idéalisation :

Comme nous le dit Isaïe : «Ne faites plus mémoire des évènements passés , ne songez plus aux choses d’autrefois»

  • Ce sont là pourtant des évènements exceptionnels, «un chemin dans la mer», «un sentier dans les eaux puissantes» qui nous sortent de l’ordinaire, et que l’on pourrait être tentés de magnifier, et de célébrer encore et encore au cœur des mémoires.
  • Mais à trop commémorer, à trop embellir et idéaliser, on peut s’empêcher de bâtir et d’apporter sa pierre, même modeste à ce qui n’est pas encore là et qui est en construction.

S’enfermer dans le regret :

Comme nous le dit le psalmiste : «Alors notre bouche était pleine de rires, nous poussions des cris de joie»,

Le regret de moments heureux, s’il est trop présent, n’est-il pas blocage pour traverser les étapes suivantes et «semer dans les larmes» avant de pouvoir «récolter dans la joie».

S’enfermer dans la rigidité protectrice de ce qui a été :

C’est en le confrontant à la loi de Moïse confirmée de longue date que les pharisiens, désireux de le mettre en difficulté, questionnent Jésus car ses propos au temple les choquaient par leur nouveauté et leur radicalité. Mais dans cet Évangile Jésus ne se laisse pas enfermer, pas plus qu’il n’enferme cette femme dans son comportement. Il renvoie les pharisiens à eux-mêmes, sans théoriser, il leur fait vivre le sens de la loi à travers la réalité de leur expérience et de leur propre vie, en restant  présent au milieu d’eux.

Les textes nous invitent tous à un basculement et à un changement de point de vue et de regard sur nous-mêmes et sur notre expérience, sur nous collectivement en église, dans la vie en général et sur autrui ,

Ainsi ils nous invitent à nous mettre en mouvement en prenant

un chemin d’espérance dans la foi :

Isaïe dit «Voici que je fais une chose nouvelle, elle germe, ne la voyez-vous pas ?»

Alors nous pouvons lâcher la certitude du déjà vécu pour accueillir, humblement, ce qui va advenir.

Paul dit :  «Je poursuis ma course pour tâcher de saisir, puisque j’ai moi-même été saisi par le Christ Jésus.»

ici nous pouvons nous engager dans le chemin, avec foi sans être sûr d’aboutir, mais porté par la flamme de l’espérance.

«Moi non plus, je ne te condamne pas, Va, et désormais ne pèche plus» dit Jésus dans l’Évangile

A la fin de ce texte, nous pouvons entendre l’appel à rester un vivant capable d’évoluer, soutenu par la confiance de Dieu, ce Dieu qui nous espère sans nous contraindre. C’est une grâce à toujours lui demander, surtout lorsqu’on est au plus bas.

Saurons-nous entendre et sortir de nos tentations d’enfermement et de catégorisations si rassurantes  ?

  • d’abord, ne pas rester tourné et embourbé dans les évènements du passé…
  • ensuite, ne pas réduire quelqu’un  à un unique aspect de sa personne dans quelques domaine de la vie que ce soit.

Mais osons faire le pari de la confiance, osons frémir d’espérance, osons porter sur nous-même et sur autrui un regard qui espère à l’image de la manière dont Dieu nous accompagne et nous aime.

Aimons-nous les uns les autres, aimons-nous comme il nous aime.

Elise, Catherine, Denis

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