Qui suis-je pour juger ?  5° dimanche de Carême C   3 avril 2022

Cranach

De retour des JMJ de Rio en juillet 2013, le pape François était interviewé sur sa position vis-à-vis des homosexuels et il s’est exclamé : « Qui suis-je pour juger ? » Dans la scène d’évangile de ce dimanche, c’est une femme surprise dans une relation d’adultère qui est amenée à Jésus. Les pharisiens et les scribes veulent connaitre la position de Jésus pour pouvoir l’accuser s’il était contraire à la Loi de Moïse. Double enfermement, celui du cercle qu’ils forment et du piège de la question posée, et celui de la référence à la Loi qu’ils respectent tous. Nous imaginons bien la scène, le silence pesant de la femme et de Jésus. Où est le salut, la libération, la vie ? Faut-il toujours condamner au nom de l’alliance, de l’amour de Dieu ? Jésus choisit la vie en ramenant chacun à sa conscience et à la vérité de sa vie. Que celui qui se juge pur, sans péché lui jette la première pierre. Qui sommes-nous pour juger ? Avant de « regarder la paille qui est dans l’œil de ton frère, regarde la poutre qui est dans le tien. (Luc 6, 41) » Jésus casse le cercle, le silence se change en espérance, la vie peut entrer !

Cet évangile nous ramène chacun à notre conscience et à notre relation à Dieu. Avant d’être juges, nous sommes des hommes et des femmes, avec nos failles, nos incohérences, pour les croyants, nos péchés. Fragilité qui nous plonge souvent dans la confusion, le silence et qui nous appelle à l’humilité. Arrêtons de juger et condamner. Méditons la finale de cet évangile : « Ils ne t’ont pas condamnée ? » « Non » « Moi non plus je ne te condamne pas, va ne pèche plus », autrement dit vis autrement. La porte est ouverte, si elle le veut elle peut repartir pour une nouvelle vie avec Dieu et avec les autres.

Quelle chance pour elle et pour nous d’entendre Jésus nous dire ces paroles de miséricorde et de pardon. Il nous ouvre le cœur de Dieu et nous ancre dans la puissance de la résurrection comme dit Paul aux Philippiens. Ces quelques mots redonnent à nos vies l’espérance du futur. La loi de Dieu ne peut amener à la mort. Elle est faite pour guider vers la vie.

Aujourd’hui, beaucoup de chrétiens ne comprennent plus certaines lois de l’Église, en particulier celles qui touchent aux situations conjugales, au début et à la fin de vie. Pourquoi les divorcés remariés ne peuvent-ils pas s’engager une deuxième fois et recevoir la bénédiction de Dieu ? Pourquoi les couples homosexuels sont exclus d’un engagement devant Dieu et de la bénédiction ? Etc. Certes, ces lois ont leur bienfondé théologique, ecclésiologique, etc. Mais guident-elles vers la communion avec Dieu. Ne sont-elles pas aujourd’hui vues et vécues douloureusement comme des exclusions ? Le pape François donne trois consignes pastorales concrètes pour se comporter en chrétiens devant des hommes et des femmes qui vivent ces situations-là : accueillir, écouter, accompagner. Accueillir sans distinction, ce qui n’est jamais simple ; écouter l’histoire de chacun sans préjugés ni jugement, ce qui est très difficile ; accompagner pour avancer, progresser vers du meilleur et du bonheur, ce qui demande de la persévérance. La finale de cet évangile nous propose clairement ce chemin en Église. Qu’attendons-nous ? 

Père Jean COURTES

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