Rembrandt
Ce récit de Jésus chassant violemment les vendeurs du Temple peut nous choquer ou nous mettre mal à l’aise car nous préférons ses attitudes de bienveillance et de pardon. Pourtant oui, Jésus a mis dehors sans ménagement tout ce beau monde avec leurs bêtes et leur argent. Pourquoi ? Saint Jean nous en donne l’explication dans le dialogue avec les juifs. En effet, Jésus se définit comme le nouveau Temple, le sanctuaire de Dieu, le Saint des saints. Nous savons que pour les juifs de son époque, le Temple est le lieu de la présence de Dieu. Ils y sont très attachés sur le plan religieux et ce commerce servait aux sacrifices et à la prière : rien de l’extérieur ne devait souiller ce lieu sacré. Jésus en bousculant cette pratique s’en prend non seulement à l’expression de la foi mais aussi aux responsables religieux. Avec ce geste, Jésus entre plus avant dans la crise qui le conduira à la croix.
Avec Jésus, nouveau Temple qui sera détruit, mais relevé par la résurrection pour toujours, commence une œuvre de renouveau. Les noces de Cana, le dialogue avec Nicodème, la rencontre avec la samaritaine, la multiplication des pains sont autant de signes d’une vie nouvelle, d’une nouvelle présence de Dieu. Ces signes sont nécessaires pour nous amener à la foi, mais il ne faut pas qu’ils remplacent la foi. Ceux qui voient Jésus chasser les marchands du Temple doivent dépasser le fait et se demander qui est cet homme pour faire cela, et pourquoi il le fait ? Alors commence le chemin de la reconnaissance et de la foi possible.
Cet épisode se situe quelques jours avant la fête de la Pâque juive. Jésus annonce sa propre Pâque, sa résurrection et la venue d’un monde nouveau voulu par Dieu. Mais, il est l’Agneau de Dieu, comme l’avait désigné Jean Baptiste et il sera sacrifié comme une victime, les responsables religieux ne voyant en lui qu’un profanateur. Il est difficile de faire le ménage dans une institution aussi ancienne et forte de sa foi, de son histoire et de ses fidèles. Pensons à notre Eglise qui essaie de sortir de cette crise sans précèdent des abus sexuels, de pouvoir et de conscience de certains de ses responsables. Alors ce texte nous invite à réagir pour aller à l’essentiel et retrouver le chemin de la foi proposée par le Christ. Sachons dépasser les signes, les rites pour comprendre ce qu’ils signifient et veulent nous montrer. Ils doivent tous nous conduire au Ressuscité. Grâce à lui, tout homme, toute femme comme le dira saint Paul est le Temple de Dieu et de l’Esprit saint. Changeons notre regard sur l’homme et sur Dieu, c’est le chemin du carême.
Père Jean COURTES