Aimer, oui, mais… ! 6° dimanche de Pâques 9 mai 2021

Michel-Ange

Dans cette page d’évangile, le mot « amour » revient à toutes les lignes. Dans la bouche de Jésus, que veut-il dire ? Il est à quelques jours de son arrestation, de son procès, et il sait que son issue ne sera pas favorable. Il donne alors à ses disciples ces dernières paroles, son testament spirituel : « Demeurez dans mon amour en gardant mes commandements : aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. » Quel est cet amour dans lequel nous devons demeurer ? D’après saint Jean, Jésus a deux amours : Dieu son Père et ses disciples. Avec son Père, il entretient une relation d’intimité qui se traduit par des moments de prière mais aussi par des paroles fortes où il dévoile leur lien étroit, vital : « Mon Père et moi nous sommes un ». Avec ses disciples, il vit au quotidien le compagnonnage, la fraternité, la foi au Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. Il leur explique les Ecritures. Il fait le lien entre ce qu’ils vivent et la Bonne Nouvelle qu’il annonce. Il leur affirme souvent qu’il les aime, qu’il tient à eux, que chacun a du prix à ses yeux. En amour, la parole est essentielle et elle dit plus que les mots !

Nous sommes aujourd’hui ses disciples. A notre tour d’entendre les mots de Jésus qui nous dit son amour pour nous et sa demande de nous aimer les uns les autres comme il nous aime. Nous pouvons comprendre de l’intérieur ce lien qui l’unit à son Père parce que nous aussi nous en faisons l’expérience avec telle ou telle personne. Le lien d’amour d’une mère, d’un père pour son enfant, de deux amants, d’amis inséparables, de compagnons de route, etc., nous met sur la piste de tout amour vrai, profond, indissoluble. Nous vivons ces relations de confiance et de fidélité comme des socles de nos vies qui nous rendent heureux. Dans la foi, nous réentendons Jésus nous affirmer qu’il nous aime, qu’il a donné sa vie pour nous, qu’il  est là présent en nous, qu’il vit avec nous. Arrêtons-nous pour écouter ses paroles et regardons aussi sa vie donnée, offerte, reliée à son Père et ses disciples, dont nous. 

Demeurer en son amour devient un commandement, un impératif parce que nous découvrons que c’est vital pour nous. Loin de nous enfermer dans la pitié ou l’étroitesse d’une relation exclusive, il nous renvoie vers l’amour du prochain, des autres, des inconnus, de ceux qui peuvent devenir des proches. Demeurer dans l’amour de Dieu, c’est s’ouvrir à cet amour pluriel qui nous déstabilise souvent, qui nous ramène à l’essentiel en nous sortant de nos sécurités et de notre bien-être. Ouverture, fidélité, partage sont sûrement ce qui caractérisent l’amour dont Jésus parle et dont il est pour nous la source. Aimer, oui, mais c’est un chemin difficile, parfois compliqué, car il demande de la volonté, de l’endurance, de la persévérance à l’image de l’amour de Dieu pour nous. Voilà une Bonne Nouvelle !

Père Jean COURTES

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