Comme moi, vous avez dû être troublés, scandalisés et écœurés par l’ampleur des révélations de la commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise de France depuis 1950. Nous sommes écrasés par ce rapport sans concession qui fait la lumière sur une réalité ecclésiale qui nous dégoute, nous fait honte et nous humilie. Nous avions beau nous préparer au pire, la vérité nous donne le vertige : plus de 216 000 victimes mineures agressées par des clercs. Inimaginable ! Bien sûr, je pense à toutes les victimes marquées dans leur vie par cette horreur. Avec eux, je dis : plus jamais cela dans notre Eglise ! Avec beaucoup d’entre vous, je veux leur dire notre détermination à combattre ce fléau et à les assurer que leurs paroles ne seront plus occultées. Nous voulons même, si cela est possible, les accompagner sur leur chemin de reconstruction.
Notre Eglise de France est au pied du mur : il faut qu’elle change, accepte la remise en cause de sa gouvernance et mette en place rapidement des processus de réparations. Rappelez-vous, nous avons participé en 2019 à l’enquête Réparons l’Eglise lancée par le journal La Croix et l’hebdomadaire Le Pèlerin et nous avions fait un certain nombre de propositions. Aujourd’hui, les 45 propositions de la commission Sauvé exigent de nos évêques et de nous, peuple de Dieu, un engagement rapide. N’oublions pas que l’Eglise c’est nous tous et non les clercs seuls qui je le rappelle ne sont pas tous des pervers ! Si nous voulons donner corps à l’Espérance qui est la nôtre, qui est de vivre en Eglise tel que le Christ l’a voulu et nous y invite, nous devons devenir plus actifs dans nos communautés pour que le système pyramidal et le cléricalisme soient éliminés. C’est par la participation de tous que nous créerons cette fraternité qui renouvellera de l’intérieur notre Eglise.
Bien sûr la tâche parait titanesque, mais elle est possible car nos responsables ecclésiaux ont la volonté de changer les choses et que nous savons que l’Esprit saint nous pousse sur le chemin de la réparation et de la rédemption. Soyons ici et maintenant acteurs de ce nouveau visage d’Eglise que nous attendons.
En ce temps difficile, je vous remercie tous pour vos attentions et vos mots d’encouragement et d’amitié.
Père Jean COURTES
P.S : Il me semble qu’il nous faut sortir de l’émotion, donc attendre quelques semaines pour débattre à partir de ce rapport et envisager des actions possibles