Avant de commencer son ministère et de choisir ses disciples, Jésus fait retraite au désert. Là, il se trouve confronté à deux voies : celle du miracle, du mirage, de la vie facile et celle de sa mission de Fils de Dieu, de la fidélité à son Père, de son attachement à l’alliance dans laquelle tout juif est inséré. Jésus choisit le chemin de la filiation, le chemin de Dieu, celui de « l’Emmanuel, Dieu avec nous ». Ce choix le conduira à l’opposition farouche des responsables religieux face à sa prédication, il s’ensuivra son procès et sa mort sur la croix. Ce choix le conduira au matin de Pâques, à la Résurrection.
Nous sommes nous aussi confrontés à des tentations, à des choix difficiles. Comment détecter les mirages, les fausses pistes, les chemins tortueux qui nous égarent ? Comment résister ? D’abord en éliminant tout ce qui se présente comme nous mettant au-dessus de la mêlée, au-dessus de la condition humaine. Le diable présente à Jésus une vie « hors sol », autre que celle de tous les humains. Jésus, Fils de Dieu est 100% homme et 100% Dieu, il vit sa vie parmi nous et avec nous. Ensuite en s’appuyant sur la Parole de Dieu. Jésus la connait, en vit, elle éclaire ses choix. Avec elle, il est relié à son Père, avec elle, il est au cœur de l’alliance entre Dieu et l’humanité, avec elle, il vit sa mission. Enfin en reconnaissant notre fragilité et en espérant la présence de Dieu à nos côtés, en nous. Jésus est le « serviteur » dont parle Isaïe, il va annoncer un autre monde dans l’humilité et la fidélité à une parole d’espérance. Toute sa vie Jésus a cru en sa vocation, en la présence de Dieu en lui qui lui permettra d’aller jusqu’au bout. En résistant aux tentations, Jésus annonce une nouvelle alliance, un monde nouveau. Comme lui, suivons ce chemin de résistance et de communion avec Dieu.
Ce récit des tentations peut aussi être médité en Eglise car comme institution, elle a succombé de temps en temps aux mirages de l’avoir, du pouvoir et de la gloire. L’humilité s’impose aujourd’hui à cause de nombreux scandales commis par certains de ses dirigeants. Elle doit revenir à la source à son fondement, à la parole de Jésus : « Pierre m’aimes-tu ? Oui Seigneur, tu sais bien que je t’aime. Pais mes brebis ». Elle doit se rappeler avec force sa mission : « Allez de toutes les nations faites des disciples ». Elle doit vivre l’humilité et servir notre humanité malade. Avec sa fragilité, à main nue, elle peut et doit annoncer un nouveau monde, une autre vie possible. A l’heure où la guerre fait des ravages en Europe et ailleurs, elle doit faire entendre une parole de paix.
L’Eglise c’est nous, parlons la paix par tous les moyens !
Père Jean COURTES