Peut-être nous retrouvons-nous dans cette demande des apôtres, car nous ne nous sentons pas assez engagés dans notre relation à Dieu et au Christ. Nous pensons peut-être que si nous avions un peu plus de foi nous serions meilleurs et nous ferions beaucoup plus et beaucoup mieux pour les autres. Si nous avions plus de foi nous passerions plus de temps à prier, à entretenir notre vie spirituelle à lire les évangiles, etc. Si nous avions plus de foi nous serions de meilleurs disciples et notre témoignage serait plus efficace. Si nous avions plus de foi, …
La réponse de Jésus est déconcertante, décalée, peut-être ironique car il répond aux apôtres que s’ils avaient de la foi gros comme une graine de moutarde, ils pourraient demander l’impossible et cela se réaliserait. L’exemple qu’il prend est parlant pour eux puisque pour la société juive les arbres représentent la vie et la mer le lieu de la mort. Un tout petit peu de foi et la mer deviendrait un lieu de vie ! Ceux que Jésus a appelé, choisi, va envoyer annoncer la Bonne Nouvelle n’auraient-ils pas ce petit peu de foi ? Et nous alors ?
La suite du propos de Jésus peut nous ouvrir un chemin. En effet, il met en vis-à-vis un maitre et son esclave. Ce dernier doit être par nature en service 24h sur 24. En servant son maitre, il ne fait rien d’extraordinaire, il fait son devoir. Et Jésus demande à ses apôtres de reconnaitre qu’ils sont de simples serviteurs et qu’ils n’ont pas à revendiquer des mercis. En prenant cet exemple, Jésus ramène la foi sur le terrain pratique de la vie de tous les jours, du manger et du boire, de la relation entre les gens. La foi en Dieu ne se situe pas dans la pensée et la conscience de chacun, elle doit s’exprimer dans le service des autres.
Servir comme Jésus l’a fait lui-même, comme Dieu le fait en lui ; servir avec humilité, simplicité, comme allant de soi, normal et évident ; servir c’est-à-dire être dans le don et non dans le dû. La foi est comme une petite graine de moutarde qui fait grandir en nous le serviteur. Le maitre ce sont les autres, ceux que nous rencontrons, avec qui nous vivons, ceux qui ont besoin de nous, ceux à qui nous apportons un peu d’humanité, de fraternité, de solidarité, sans oublier le pain et le vin. Servir, c’est aimer !
En indiquant à ses disciples le chemin du service, Jésus leur indique le chemin de la communion avec Dieu et avec lui. Dieu aime cette humanité, son Fils est venu le lui annoncer définitivement en donnant sa vie, le disciple est invité à marcher sur cette route d’humanité et de fraternité. Ce chemin n’est pas facile tous les jours, il est même parfois pénible, car servir tous les hommes sans distinction est compliqué. De plus, les servir sans un minimum de reconnaissance nous est difficile. Servir, tout court, gratuitement, chacun et tous, par amour de l’autre et de Dieu. Les exemples ne manquent pas autour de nous : les parents et leurs enfants, ceux qui s’engagent dans des actions solidaires pour aider les autres, ceux qui soignent, soulagent, consolent : des saints apôtres nous en connaissons des milliers autour de nous. Bénis soient-ils ! Servir, croire en Dieu et au Christ se rejoignent, se fondent, ne font plus qu’un. N’est-ce pas cela la foi ?
Père Jean COURTES