S’ouvrir à la vie des autres !  26° dimanche C  25 septembre 2022

Gustave DORE

L’évangile de ce dimanche est caricatural à la première lecture. Un riche, un pauvre, le premier est muré dans sa richesse, le second n’a rien, ni à perdre, ni pour se défendre, le riche n’a pas de nom, le pauvre s’appelle Lazare ou « Dieu aide ». Allons plus loin, le premier est isolé dans sa maison, le second se tient à sa porte et la mort les réunit, mais les emmène dans des lieux différents et leur situation est inversée : le riche se retrouve au séjour des morts, Lazare dans le sein d’Abraham. Dans cette histoire que Jésus raconte aux pharisiens, quelle est la Bonne Nouvelle pour nous aujourd’hui ?

La première est sûrement de ne pas nous enfermer dans nos biens, nos habitudes, nos bonnes consciences, etc., car ils nous isolent, nous coupent de la vie, font de nous des morts vivants. Le riche de cette parabole est enfermé dans la richesse de sa table, de ses vêtements et de son mode de vie. Il s’est enterré tout seul car il est coupé de la vie réelle des autres, du monde. Il ne voit même plus ceux qui sont à sa porte.

La deuxième Bonne Nouvelle se trouve dans la suite de l’histoire, dans le dialogue entre Abraham et le riche. Nous sommes des êtres de relations, nous sommes faits pour fraterniser, vivre ensemble, échanger, partager, communier. Or toute sa vie, il est resté dans l’entre soi et s’est coupé de Moïse et des prophètes, autrement dit de la Loi, de Dieu. Lazare dans son indigence, attendait à sa porte en quête de miettes et de reconnaissance. A sa mort, ce sont les anges, les messagers de de la Bonne Nouvelle qui viennent le chercher pour le mener dans le sein d’Abraham, au cœur de l’alliance entre Dieu et les hommes. 

Mais ce riche a un côté sympathique me direz-vous, car dans sa situation dramatique, il pense à ses frères et veut leur éviter le pire. Pourquoi n’est-il pas sauvé ou au moins soulagé par quelques gouttes d’eau que Lazare aurait pu lui mettre sur les lèvres ? Abraham lui répond qu’il y a un abime infranchissable : Moïse et les prophètes, c’est-à-dire, l’alliance, la Loi, la Parole de Dieu, auxquels il n’a pas cru, qu’il n’a pas écouté, qu’il n’a jamais mis en pratique. Voilà ce qui les sépare à tout jamais. Le fossé n’a pas été mis par Dieu mais c’est lui-même qui l’a creusé.

Les pharisiens ont dû comprendre ce que voulait leur dire Jésus : l’alliance, la parole des prophètes sont au cœur de la foi. A eux d’y adhérer et surtout de la mettre en pratique. Pour nous aussi le message est clair : croyons et vivons notre foi au Dieu de Jésus-Christ. Or en son cœur, il y a ce commandement de l’amour mutuel qui est impératif.  Rappelons-nous : « J’ai eu faim et vous m’avez donné à manger, j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire, etc. » Ne laissons personne à notre porte, tendons-lui la main, prêtons l’oreille, adressons-lui la parole, il est chemin de la communion avec Dieu. Cet évangile nous réveille : attention à nos styles de vie, à nos habitudes, à nos enfermements personnels et sociaux. La Parole de Dieu se vit concrètement avec les autres et pas seulement dans nos actes de piété. Soyons vigilants, restons ouverts à la vie des autres.

Père Jean COURTES

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