Dans le texte du Luc, la parole est omni présente. C’est Babel à l’envers ! Rappelez-vous, les hommes s’entendent pour construire une tour pour déloger Dieu. Avant d’arriver à leur fin, la tour s’écroule et chaque brique représente une ethnie différente qui se voit dotée d’un langage différent pour qu’elle ne puisse s’entendre à nouveau avec les autres pour tenter un nouveau projet. C’est la confusion ! A la Pentecôte, c’est la communion qu’opère la parole car tous comprennent les disciples du Christ qui expriment les merveilles de Dieu. Déjà sur le Sinaï, Dieu avait donné à Moïse les tables de la Loi. La Pentecôte juive célèbre ce don de Dieu. Elles vont être sources d’enseignement et de communion pour le peuple sorti d’Egypte. L’Esprit saint en donnant la Parole aux disciples assure la nouvelle présence de Dieu dans le monde.
La parole est essentielle à la vie. Notre langue maternelle nous a façonnés dès notre conception et elle exprime le mieux ce que nous ressentons et ce que nous sommes, c’est elle qui nous permet de comprendre au-delà des mots. Nombreux sont les témoignages qui nous disent que les nourrissons comprennent ce que le père ou la mère leur dit à certains moments. Expérience unique pour des parents de se sentir compris au-delà d’un dialogue ordinaire. Le jour de la Pentecôte, les disciples ne sont pas devenus bilingues ou trilingues, mais ont exprimé leur attachement et leur foi en Jésus ressuscité de telle façon que chacun les a compris. La cartographie de l’évangéliste nous dit que cette Parole est entendue et comprise par le monde entier. Tout le monde est concerné ; la Bonne Nouvelle est pour tous quelques soient sa naissance, sa langue, son pays, sa religion, etc. Le Christ est mort pour tous, sa résurrection concerne la planète entière, le message d’amour et de paix doit être adressé et entendu sur toute la surface de la terre.
Cette parole donnée aux disciples est une langue de feu : elle touche le cœur, elle va au fond de chacun toucher un point de sa vie, de son histoire, de ce qui le constitue. Comme tout feu, elle brule tout ce qui est superficiel, pour inscrire définitivement l’alliance et l’amour de Dieu. Nous pouvons tous faire référence à des paroles de feu qui nous ont marqués à jamais. Vous n’en trouvez pas ? Cherchez un peu dans votre mémoire : quand quelqu’un vous a dit qu’il vous aimait, que vous comptiez pour lui, quand un enfant vous a dit qu’il vous aimait, quand vous avez été valorisé, reconnu dans votre métier au point de vous voir confier d’autres responsabilités, etc. A la Pentecôte la Parole de feu que nous recevons comme disciples du Christ, c’est d’aller dire à telle ou telle personne que Dieu l’aime et de le lui dire dans sa langue maternelle pour qu’elle l’entende vraiment.
A la Pentecôte l’Eglise s’est vue confier cette mission d’annoncer la Parole de Dieu. Depuis qu’elle existe, elle essaie de le faire dans le monde entier. Encore aujourd’hui, des poignées de chrétiens la parle dans des endroits difficiles à cause des conditions naturelles, culturelles ou politiques. Animés par l’Esprit saint, ils traduisent l’évangile pour qu’il devienne Bonne Nouvelle pour ceux qui l’entendent. Chrétiens, nous sommes les disciples du Christ, missionnés par l’Esprit de Dieu pour annoncer cette Parole. N’ayons pas peur de parler de notre foi. Osons ensemble en Eglise, ouvrir nos communautés à tous nos frères et sœurs en humanité qu’ils soient immigrés, fragiles, en difficulté, etc. La Parole nous est donnée, elle nous anime elle est au cœur de notre vie spirituelle. Ouvrons-nous toujours et encore à ce souffle de l’Esprit saint dont nous savons d’où il vient sans savoir où il nous entraine. Accueillons les merveilles de Dieu, c’est la Pentecôte !
Père Jean COURTES