Tout agriculteur et tout jardinier comprend ces deux petites paraboles de Jésus. Après avoir semé il faut attendre et faire confiance jusqu’au bout, car avant la croissance et la récolte il peut se passer beaucoup de choses. Ces images nous parlent aussi quand il s’agit d’éducation car nous savons que nous semons par des paroles et des exemples, de l’amour et de l’affection et nous espérons que cela portera du fruit plus tard. Il en va aussi de notre foi : nous la proposons et nous essayons d’en témoigner en sachant qu’il faudra du temps aux autres pour être touchés et commencer un chemin de foi. Jésus est explicite : il s’agit du Royaume de Dieu, de la vie de Dieu en nous, qu’il est venu semer dans nos cœurs et dans le monde par son évangile et le don de sa vie.
Tout commence pour le semeur par un lâcher prise. Il faut qu’il donne et qu’il abandonne cette semence qui lui est chère pour qu’elle porte du fruit. Dieu s’ouvre à notre humanité par sa parole, ses prophètes et son Fils Jésus. Il se donne en lui et par lui. Il fait confiance à la terre que nous sommes pour l’accueillir et la répandre par le don et la communion. Nous ne pouvons garder en nous et entre nous cette Parole de vie et d’amour, qui nous nourrit. Semons dans la confiance et soyons patients, le résultat ne dépend pas de nous. Soyons aussi conscients qu’une petite parole, un petit geste peut toucher au-delà de nos espérances. Que de fois, des proches nous disent : « tu as dis cela tel jour dans telle circonstance et cela m’a fait réfléchir et changer », alors que nous n’avons pas le souvenir. Faire confiance aux autres et aussi à Dieu, car nous vivons de sa parole et que nous la transmettons par nos mots, nos gestes, toute notre vie. L’Esprit de Dieu est à l’œuvre en nous et par nous.
La patience n’est pas le fort de notre époque. Nous voulons aller vite tout le temps. Pourtant la vie est là qui nous rappelle qu’il faut du temps pour faire un homme ! Il a fallu beaucoup de temps pour que l’alliance de Dieu avec l’humanité soit accueillie. Les 17 siècles de l’Ancien Testament et les 20 depuis la mort et la résurrection de Jésus sont là pour nous le rappeler. Cette patience de Dieu nous rend confiants. La confiance, c’est croire en l’autre, lui faire crédit, penser qu’il a en lui les capacités pour accueillir notre témoignage, notre amitié et notre amour pour qu’à son tour il en vive. La confiance est communicative, communion, espérance pour avancer dans la vie. Pour nous chrétiens en Église, la confiance est fondamentale, car elle est foi en Christ, foi dans la communauté des croyants à vivre et à transmettre ce message : Dieu nous aime tous et il nous attend. Puissions-nous accueillir ensemble cette semence d’amour et de foi pour à notre tour la semer en abondance, grâce à l’Esprit.
Père Jean COURTES