02/02/2025

Anonyme du XVème siècle (Novgorod, Russie)
Ml 3, 1-4 | Ps 23-24 | He 2, 14-18 | Lc 2, 22-40
Le texte du livre de Malachie a retenu notre attention sur les points suivants :
- Une prophétie annonçant la venue d’un messager qui préparera le chemin du Seigneur (on peut penser à Jean-Baptiste qui prépare la venue de Jésus) et la venue de Dieu parmi les hommes (on peut penser à la venue de Jésus).
- Le contact avec l’objet de cette prophétie s’annonce comme une purification par le feu et le nettoyage.
- Cette purification se portera en partie sur les fils de Lévi.
- Fait référence aux descendants de Lévi, l’un des douze fils de Jacob. Lévi est l’ancêtre de la tribu lévitique, qui était chargée des fonctions sacerdotales et des services dans le temple de Jérusalem. Les Lévites incluaient les prêtres et les autres membres de la tribu qui assistaient dans les rites religieux.
- On comprend ainsi que le contact avec l’objet ultime de cette prophétie, Jésus, va chambouler les fonctions sacerdotales en purifiant les prêtres pour qu’ils puissent effectuer des offrandes « bien accueillies par le Seigneur », c’est-à-dire conformes aux attentes du Seigneur.
- C’est une promesse de renouveau spirituel et de rétablissement des relations entre Dieu et son peuple, après une période de purification et de réforme.
=> Comment nous parle ce texte aujourd’hui ?
Il nous engage à nous remettre en question de manière à nous assurer que notre pratique est bien conforme avec la parole de Jésus. A bientôt un mois du début du Carême, il s’agit de se préparer à faire acte de conversion dans le sens de se mettre en conformité dans nos actes de tous les jours avec cette parole : « Aimer Dieu de tout son cœur, de toute son âme et de tout son esprit » et « Aimer son prochain comme soi-même », mettre l’amour au centre de notre vie.
Le passage de la Lettre aux Hébreux semble venir détailler l’un des effets du contact avec l’objet ultime de la prophétie de Malachie, Jésus :
- Le contact avec Jésus va libérer l’Homme des entraves que constitue la crainte de la mort.
- Jésus a pris notre condition d’êtres de chair et de sang, donc d’êtres mortels et craignant la mort.
- Jésus devenant pleinement humain partage notre nature et nos expériences. Il est ainsi à même de comprendre nos faiblesses.
- En partageant notre humanité, Jésus peut « devenir un grand prêtre miséricordieux ».
- Un grand prêtre dans la tradition juive était un intermédiaire entre Dieu et le peuple, offrant des sacrifices pour les péchés des hommes.
- Malachie annonçait la purification des prêtres comme consécutive de l’arrivée du messager du Seigneur Dieu et ainsi une pratique des offrandes plus conforme à l’attente de Dieu.
- Jésus, en tant que grand prêtre, rétablit la relation entre Dieu et l’humanité, nous réconcilie avec Dieu.
- La crainte de la mort nous ôte notre liberté, nous met sous l’emprise d’un maitre, représenté dans le texte par le diable. La situation d’esclavage dans laquelle nous nous trouvons se fonde sur notre peur de la mort.
- Le fait que Jésus ait mené notre condition jusqu’à la mort (la Passion du Christ) et, non dit dans cet extrait, ait ressuscité, nous permet de ne plus craindre la mort, car il y a un après la mort.
- Ce texte souligne l’importance de l’incarnation de Jésus et de son rôle de médiateur entre Dieu et les hommes, apportant miséricorde et rédemption (par sa mort et sa résurrection, Jésus a libéré les êtres humains de l’esclavage et leur a offert la possibilité de la vie éternelle).
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Il nous engage à fortifier notre confiance profonde en Dieu et à être habités par l’espérance en la vie éternelle. Cela de manière à faire disparaitre notre peur de notre propre mort et ainsi à nous donner la force de persévérer face aux difficultés et aux épreuves de la vie.
Nous avons aussi rapproché cette vertu de l’espérance avec la lutte contre la peur de la mort d’un proche ou pour sortir du désemparement dû à un deuil. Une expérience personnelle a été évoquée dans laquelle l’un de nous trois a perçu presque physiquement l’effacement de sa peur de la mort le jour du constat que la vie de tous les jours reprenait au sortir d’un deuil, accompagné par la prière. Cette vie de tous les jours qui reprenait son cours ressemblait fortement à la vie éternelle.
Nous avons aussi trouvé que le dernier verset « Et parce qu’il a souffert jusqu’au bout l’épreuve de sa Passion, il est capable de porter secours à ceux qui subissent une épreuve. » nous engageait aussi à, comme Jésus, nous mettre à la portée des plus faibles pour les aider dans leurs épreuves, en leur partageant notre espérance libératrice.
Enfin, l’extrait de Luc nous parle d’une autre prophétie :
- Les personnages de Syméon et Anne indiquent que les prophéties ont aussi eu cours à l’époque contemporaine de Jésus, comme dans l’ancien testament avec Malachie.
- Syméon avait la promesse du Saint-Esprit qu’il ne mourrait pas avant d’avoir vu le Messie. Or, prenant l’enfant Jésus dans ses bras, il exprime à Dieu qu’il est maintenant prêt à mourir, soulignant de manière implicite qu’il a perçu que Jésus était le Messie.
- Les deux passages suivants sur Syméon nous en ont évoqué d’autres :
- « Sous l’action de l’Esprit, Syméon vint au Temple. » nous rappelle les mages guidés par l’étoile du berger jusqu’à Jésus. Une force extérieure guide nos pas.
- « Syméon reçut l’enfant dans ses bras, et il bénit Dieu en disant : « Maintenant, ô Maître souverain, tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix, selon ta parole. » » nous rappelle la Visitation, le moment où Élisabeth, la mère de Jean-Baptiste, réalise que sa cousine Marie porte le Messie. Une perception physique nous fait réaliser quelque chose comme une évidence.
- En écho à la Lettre aux Hébreux, la foi de Syméon lui fait toucher l’espérance ; non seulement il ne craint pas la mort mais il invite même Dieu à le laisser partir.
- La prophétie de Syméon est riche
- On peut peut-être voir dans « Cet enfant provoquera la chute et le relèvement de beaucoup » la préfiguration de la mort et la résurrection du Christ, qui seront revécues par beaucoup via leur baptême.
- L’expression « un signe de contradiction » peut évoquer le fait que Jésus sera une figure qui provoquera des réactions opposées et conflictuelles parmi les gens. Jésus, par ses enseignements et ses actions, suscitera des réactions fortes. Certains accepteront et suivront ses enseignements, tandis que d’autres les rejetteront et s’opposeront à lui.
=> Comment nous parle ce texte aujourd’hui ?
Comme pour Syméon, soyons à l’écoute de l’Esprit Saint et sachons nous laisser guider par lui, en confiance.
Comme Anne, diffusons la bonne nouvelle sans relâche. Enfin, soyons conscients que ce partage de la bonne nouvelle se heurtera à des réactions parfois fortes et contradictoires, voire conflictuelles ; rappelons-nous alors, comme dans l’enseignement que nous avons tiré du livre de Malachie, qu’il faudra toujours y mettre l’amour au centre.
Mourad BENNOUI, Émilie KEKOU et Jean-Paul PASQUET