Annoncer la présence de Dieu !  3° dimanche de l’Avent B   17 décembre 2023

Philippe de CHAMPAIGNE

Dans l’échange entre Jean-Baptiste, les prêtres et les lévites, il y a un grand absent : Jésus. Pourtant, il est bien question de lui puisque les questions portent sur son identité. Jean-Baptiste est-il le Messie ? Il répond par la négative, mais il affirme qu’il est là, qu’il arrive. Autrement dit, que Dieu est présent dans le monde, car son Messie, son envoyé est là et qu’il faut l’attendre et le découvrir. Jean-Baptiste est un prophète, un annonceur de l’amour et de l’alliance de Dieu avec son peuple. Depuis 20 siècles, des hommes et des femmes ont fait la même annonce, avec la même foi et la même espérance : Dieu est présent dans notre monde, il ne se voit pas à l’œil nu, il faut vouloir le découvrir et pour cela l’attendre. Bien sûr, il y a les grands saints, prophètes en leur temps : Augustin, Thomas d’Aquin, François d’Assise et Xavier, Ignace de Loyola, Vincent de Paul, Charles de Foucault, mais aussi tous ceux qui, animés par leur foi en Dieu et au Christ, ont vécu l’évangile et ont témoigné par leur vie que l’amour était plus fort que la mort et que le Christ ouvrait le chemin de la résurrection à tous. 

Le temps de l’Avent est le temps du questionnement pour nous et pour l’Église : en quoi annonçons-nous la présence de Dieu au milieu de ce monde ? Quelles paroles disons-nous, quels gestes posons-nous pour que nos contemporains entendent qu’il est là, qu’il vient et qu’il peut changer leur vie et celle du monde ? Aujourd’hui, face aux grands défis de l’humanité comme les inégalités, l’immigration, le début et la fin de vie, la guerre aux quatre coins du monde, les changements climatiques, l’Église a une parole claire inspirée par sa foi. Elle dit chaque fois, que Dieu est là présent dans le migrant qui traverse la Méditerranée, comme dans l’enfant qui est conçu, comme dans le vieillard qui va mourir, comme dans les populations qui subissent la sécheresse ou les inondations à répétition, comme dans ceux qui souffrent de la faim et du manque d’eau. Elle proclame ainsi que l’alliance de Dieu est toujours présente car il est là en son cœur jusqu’à la fin des temps.

Les chrétiens et l’Église proclament aussi que Dieu nous attend. Il attend d’être trouvé, reconnu, rencontré, parce qu’il veut que chacun change son cœur, se convertisse et aime comme lui. Nous sommes les gardiens de cette foi inouïe de Dieu en nous. Dieu aime tous les hommes et il vient rencontrer chacun pour l’aimer et lui donner l’envie d’aimer les autres pour sa joie et celle de tous. Nous les chrétiens et l’Église, c’est par amour de la vie que nous essayons de toucher les esprits et les cœurs. Le migrant n’est pas d’abord un problème, c’est un homme à aimer et à accueillir, celui qui dort dans la rue sous sa tente n’est pas d’abord un problème, mais un homme ou une femme à aimer et à aider, la personne en fin de vie n’est pas d’abord un problème mais une personne à aimer et à accompagner. Et chaque fois que nous entrons dans cette logique de l’amour nous annonçons la présence de Dieu et sa venue encore aujourd’hui. 

Bien sûr, nous devons être attentifs, comprendre les problèmes de notre monde et essayer d’apporter des solutions les plus humaines possibles ; bien sûr, que l’urgence mondiale nous presse et ne peut se suffire de gestes individuels ; bien sûr que nous sommes peu nombreux à vouloir changer les choses et que nos forces sont insuffisantes, pourtant chaque fois que nous nous laissons envahir par l’amour et la fraternité, la vie passe et se communique et le Seigneur vient. C’est notre foi et notre espérance.

Père Jean COURTES

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