L’évangile d’aujourd’hui est dur à entendre et quasiment impossible à mettre en pratique par quelqu’un qui se sent concerné. Qui va s’amputer lui-même pour entrer en communion avec Dieu ? Essayons de comprendre le message de saint Marc ou au moins de pointer quelques pistes de réflexions et de prière.
Trois attentions peuvent nous retenir. La première est l’histoire de celui qui expulse des démons au nom de Jésus sans en avoir reçu la mission. Elle rejoint la première lecture où deux hommes prophétisent sans avoir reçu le label de Moïse. Jésus répond très clairement qu’il faut laisser faire si les paroles et les actes sont conformes à ce qu’il dit et fait. Autrement dit, même en dehors de ceux qui ont été ordonnés à ce service, des hommes et des femmes peuvent parler au nom de Dieu et nous mettre en communion avec Lui. L’Esprit souffle où il veut !
La deuxième attention porte sur le scandale causé aux petits. Marc nous dit qu’il vaudrait mieux que l’auteur soit jeté à la mer avec une meule au cou. Terrible sentence, mort certaine ! Comment ne pas faire le lien aujourd’hui avec le scandale des abus sexuels qui secoue l’Église toute entière ? Ce n’est pas à vous, à moi de porter un jugement, mais à nous d’accueillir, d’écouter la souffrance des victimes si nous en rencontrons et de les accompagner sur leur chemin de vie. A nous aussi d’accompagner peut-être un auteur d’abus s’il se trouve sur notre route. Préparons-nous au choc que va causer le rapport de la commission indépendante sur les abus dans l’Eglise. Il y aura sûrement de nombreuses réactions. Cette parole nous interroge aussi sur notre place et notre témoignage auprès des jeunes. Que disons-nous, que faisons-nous pour accompagner ces jeunes sur leur chemin de foi chrétienne ? Sommes-nous des occasions pour eux de croire au Christ et à l’évangile ? Si nous sommes en responsabilité pastorale auprès d’eux la question est pressante. Elle peut être aussi pertinente si nous rencontrons régulièrement des jeunes dans notre environnement familial et amical.
Enfin la troisième partie de cet évangile nous concerne personnellement : « Si ta main est pour toi une occasion de chute, coupe-la ». Le choix à faire est radical, il n’y a pas d’entre deux, de demi-mesure. Peut-être avez-vous connu, vécu ces moments insistants où le choix radical s’imposait, mais où le pas était difficile à faire. Comme conseiller conjugal et familial, je suis souvent témoin de cette situation, de cette tension extrême car le ménage à trois par exemple est impossible. Je pense aussi à celles et ceux qui hésitent à se lancer dans l’aventure de la vie parce qu’ils ont du mal à se détacher d’un passé, etc. Des lieux et des moments comme des retraites spirituelles permettent de prendre un peu de distance et souvent de bonnes décisions. Bonnes parce qu’elles nous libèrent, qu’elles allègent notre vue et nous mettent dans la paix et dans la joie. Ensuite parce qu’elles nous mettent en communion avec Dieu, avec le Christ. Enfin parce qu’elles nous permettent d’aimer plus et mieux.
Nous avons tous des choix décisifs à faire à certains tournants de notre vie et pour vivre en chrétien. Heureusement l’Esprit saint éclaire notre conscience et nous donne la force de vivre la bonne décision. Le chemin qui y mène est celui du Christ.
Père Jean COURTES