C’est à quelques jours de la Pâque juive, Jésus et ses disciples sont à table. Il prend un morceau de pain, ferme les yeux, remercie Dieu et prononce ces paroles étranges : « Prenez et mangez, ceci est mon corps ». Que veut-il dire ? Il est encore là, devant yeux. Oui, tous sentent que la fin est programmée, mais après Pâques, il sera là autrement par l’Esprit. Alors pourquoi donc donne-t-il son corps ? Tout simplement parce qu’il veut leur donner sa vie. Donner son corps, c’est donner toute sa vie, c’est s’offrir, c’est dire : prends, je viens en toi, je viens te rejoindre au plus intime de toi-même. Par ce geste Jésus donne une signification forte à sa vie donnée pour le salut des hommes. Depuis ce Jeudi saint les chrétiens refont ce geste non seulement pour se souvenir du passé, mais pour rendre présent ici et maintenant Jésus ressuscité. Un exemple pour s’approcher un peu : quand vous posez sur le buffet la photo d’un mari, d’une femme ou d’un père, d’une mère qui sont morts, vous dites à la fois leur absence : vous pleurez leur disparition, mais aussi leur présence. Le Christ est ressuscité, il est ailleurs, le sacrement le rend présent.
Communier au Corps du Christ, c’est vouloir vivre, entrer dans ce mouvement du don de la vie qu’il a fait lui-même pour les autres. A la messe ce qui compte, ce n’est pas notre piété personnelle, mais c’est de recevoir cette vie du Christ qui se donne pour à notre tour donner la nôtre. Demandons-nous si la communion modifie nos relations avec les autres. Communier au Corps du Christ c’est entrer dans une nouvelle alliance, celle que Jésus est venu vivre en notre humanité, c’est entrer dans le mystère de Pâques, non que n’y comprenions rien, mais parce qu’éblouit par sa résurrection, nous avançons dans cette vie divine que nous appelons vie éternelle.
Notre Eglise est chargée de nous faire communier au Corps du Christ. Elle le fait bien sûr par le rite, mais elle le fait surtout par sa vie quand elle permet aux hommes et aux femmes de communier avec le Dieu de Jésus-Christ. Elle le fait chaque fois qu’elle-même partage la vie de ses contemporains. Elle le fait par son attention, son accueil, en particuliers des petits, des pauvres, des souffrants, des laisser pour compte. La mission de l’Eglise est d’embarquer l’humanité dans cette nouvelle alliance, de lui faire découvrir que l’amour est plus fort que la haine et que le bonheur et la joie sont possibles.
Communions au Corps du Christ et avec lui, ouvrons nos vies à ceux qui nous entourent et qui nous aiment.
Père Jean COURTES