Après l’image du bon pasteur, saint Jean prend celle de la vigne qui est courante dans l’Ancien Testament. En effet, les prophètes comparent souvent le peuple de Dieu à une vigne que Dieu a plantée et qu’il entretient jalousement. Il en attend de beaux fruits, mais ce n’est pas toujours le cas. Allez lire le beau poème d’Isaïe au chapitre 5. Dans notre évangile, Jésus se dit la vraie vigne. Il s’identifie au peuple de Dieu, son Père étant le vigneron. Il réaffirme le lien étroit qui les unit, cet amour qu’ils partagent, cette alliance dont ils sont les acteurs. L’image va plus loin car elle fait de Jésus le cep et des sarments ceux qui croient en lui. Il affirme ici le lien vital qui les unit : pas de sarment sans cep, pas de cep sans sarment ! Et qu’est-ce qui unit le Christ et ses disciples ? La foi, croire qu’il est le Fils de Dieu, qu’il est ressuscité, qu’il est l’incarnation de la nouvelle alliance, de l’amour de Dieu pour l’humanité.
Comment alors demeurer en Christ, en Dieu ? A l’image de ce que nous vivons avec ceux que nous aimons, trois chemins de communion sont à notre disposition. Quand nous voulons vivre des moments forts entre nous, nous prenons le temps de la rencontre pour communiquer. Prenons le temps de lire la Parole de Dieu, de la laisser résonner dans notre vie, d’essayer d’entendre ce qu’elle nous dit dans l’instant. Dieu parle, il parle en et par Jésus, et lui nous redit l’amour du Père de différentes façons en fonction de ses rencontres et des circonstances de sa vie. Il nous questionne sur notre foi, notre espérance, notre générosité, notre don de nous-même, notre amour pour les autres, etc. Cette parole devient dialogue si nous l’interrogeons, si nous nous laissons interpeler par elle, si nous la partageons à plusieurs. Dans cet entretien, nous sommes unis comme le sarment au cep.
Un autre lieu de communion est la prière et les sacrements. La prière est ce lien volontaire que j’établis avec Dieu. C’est là que nous lui parlons, que nous lui confions, nos joies, nos peines, nos attentes. Parfois, nous le sentons très présent et nous en sommes heureux, parfois au contraire il nous semble être dans la pièce à côté, ce qui nous est pénible. Dans notre vie quotidienne il en est de même avec ceux que nous aimons. La prière nous lie, nous relie et tisse ses liens forts qui deviennent constitutifs de ce que nous sommes : des enfants de Dieu et des frères et sœurs du Christ dans son humanité. Pour les sacrements, le mouvement est inverse : c’est Dieu, le Christ qui viennent à notre rencontre. A nous de les accueillir et de recueillir ce qu’ils nous donnent comme la manne qui va nous faire vivre. A la messe, Dieu se donne sous les deux formes de la Parole et du pain et du vin, moment de communion qui nous nourrit et nous change.
Enfin le troisième lieu pour demeurer en Dieu est notre vie quotidienne. Le double commandement de l’amour est là pour nous le rappeler : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit et ton prochain comme toi-même ». Et Jésus de rajouter : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ». Aimer en actes et en vérité est communion non seulement avec celui ou celle que nous aimons mais aussi avec Dieu qui l’aime. Dieu est présent là, au cœur de sa vie et nous pouvons reconnaitre sa présence. Mystère de la présence de Dieu qui aime tous les hommes et femmes sans aucune distinction ou préférence ; mystère de la rencontre possible de Dieu en chacun et en tous ; mystère d’un amour qui appelle à l’amour et qui nous fait vivre la communion.
Père Jean COURTES