Devenons prochains !   15° dimanche C   10 juillet 2022

Rupnik

Psychanalyste à la retraite, il reçoit des personnes de la rue dans un point « écoute » au cœur de Paris ; elle achète toutes les semaines des filets de fruits qu’elle va distribuer aux migrants qui campent boulevard de l’Hôpital ou boulevard de la Bastille ; elle s’occupe d’une banque alimentaire dans l’Est parisien ; il est écrivain public et reçoit gratuitement des hommes et des femmes qui ne savent ni lire et écrire le français ou qui ne comprennent rien au courrier administratif qu’ils reçoivent, etc. La parabole de ce dimanche met en scène tous ces bons Samaritains qui s’arrêtent, écoutent, donnent quelques soins, redonnent vie avant de continuer leur chemin. Ils sont « bons Samaritains», tout simplement parce qu’ils croisent des hommes et des femmes qui sont écrasés par la vie, en survie, et qu’ils se font proches d’eux. Comme tout un chacun, ils ont leur vie, leurs occupations, leurs familles, leurs amis, etc., pourtant ils s’arrêtent pour donner de la vie.

Notre prochain n’est pas seulement celui qui vit avec nous, mais c’est surtout celui dont nous nous rendons proche parce qu’il ou elle a besoin de nous. Bien sûr, c’est peut-être quelqu’un que nous connaissons bien : telle personne qui est hospitalisée et qui est seule, une tante âgée acariâtre qui a fait le vide autour d’elle, un collaborateur en souffrance, etc. C’est nous qui devenons le prochain d’une personne car nous avons repéré qu’elle a besoin de nous, de notre attention et de quelques soins élémentaires. Nous le savons par cœur, dans notre monde individualiste, beaucoup d’hommes et de femmes sont en souffrance, appelant à l’aide non avec des cris, mais souvent dans le silence et une attitude de repli. A nous de faire attention, de prendre du temps, d’accepter que nos plans soient dérangés pour aider au relèvement, remettre en selle, redonner des possibilités de vie nouvelle. Jésus nous dit que ce chemin est celui de la communion avec lui et avec Dieu.

Cette parabole s’adresse aussi à l’Eglise, à nous tous collectivement. Nous le savons et nous avons été touchés, tristes, en colère quand le rapport de la CIASE sur les abus sexuels dans l’Eglise de France a montré que l’Institution était passé à côté des victimes. Dans la parabole deux religieux ne s’arrêtent pas ! Mais notre Eglise est souvent attentive aux situations de détresse. Le pape François est sensible à la situation des migrants en Europe et par ses déplacements à Lampedusa ou en Grèce et ses prises de paroles il rappelle leur dignité et le devoir de nos pays de les accueillir. A Paris, l’Eglise vient d’ouvrir une maison « Batika » pour les accueillir, et leur proposer des services : apprendre le français, un métier, leur apporter quelques soins, etc. Beaucoup de paroisses organisent des maraudes pour rencontrer les SDF et leur apporter un peu de chaleur humaine, etc. C’est peu de chose… c’est vrai le chantier est immense, mais y participer c’est mettre la parabole de Jésus en acte collectivement. Poursuivons ensemble sur ce chemin, personnellement et collectivement. Mettons l’évangile en actes !

Père Jean COURTES

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