Don de soi !  5° dimanche de carême  17 mars 2024

Carle Van LOO

L’évangile de ce dimanche est difficile avec de nombreux sujets abordés. Essayons de le lire attentivement pour entendre la Bonne Nouvelle que saint Jean nous adresse encore aujourd’hui. Ce qui frappe d’abord, c’est l’annonce de quatre « venues ». Il y a d’abord des Grecs (non juifs) qui veulent voir Jésus. Ils ont entendu parler de lui, ils veulent sûrement en savoir plus. Il y a aussi la venue de l’heure de la glorification : qu’est-ce que cela veut dire ? Avec elle, Jésus nous dit qu’il est venu pour cela. Et enfin, une voix du ciel se fait entendre pour attester que Jésus est glorifié et qu’il le sera pour l’éternité. 

Des Grecs, comme des juifs sont intrigués par les paroles et le comportement de Jésus. Qui est-il au fond ? Est-il de Dieu ? Est-il un super homme fraternel ? Est-il un prophète ? Questions récurrentes et fondamentales de la foi. 

Jésus déclare qu’il doit être glorifié. Il ne se comporte pas comme une star, il ne cherche pas le succès et l’adulation de la foule, il la fuit même. Pour l’évangéliste Jean, la gloire c’est la manifestation de la divinité de Jésus. Il est en relation étroite avec son Père, il parle en son nom, il agit pour manifester « Ubi et Orbi » que Dieu est Dieu, qu’il est l’unique et qu’il faut vivre selon sa Loi. Le chemin n’est pas celui de la puissance, de manifestations exceptionnelles, mais au contraire celui de l’enfouissement : « il faut que le grain semé en terre meure pour porter du fruit ».

C’est l’heure pour lui de marcher vers la croix, non qu’il sache quelle mort l’attend, mais parce qu’il sait au fond de lui, que c’est l’heure du don de sa vie, du don total de lui-même. Il sait, il sent que la logique du don s’est engagée. Fils de Dieu, Frères des hommes, il ira jusqu’au bout : sur la croix. Là sur cet instrument de torture, en cet instant d’anéantissement total, Dieu manifestera sa divinité pour toujours. Mais Dieu ne se complait pas dans la mort. Il ne peut y laisser son Fils. Il le ressuscite et le fait vivre dans son amour et sa gloire pour l’éternité. Là est la logique du grain de blé !

Alors, quelle Bonne Nouvelle pouvons-nous entendre dans ce texte ? D’abord que Jésus est l’unique médiateur entre Dieu et nous. Il est en quelque sorte comme un trait d’union entre les deux mondes. Le regarder, l’écouter, accueillir sa vie, c’est entrer dans le monde de Dieu, c’est participer, peut-être imparfaitement à cette vie divine qui est alliance et amour pour notre humanité. Ensuite, cet évangile nous appelle à une autre vie : entrons dans la logique du don de nous-même, dans la logique de l’amour. Nous la connaissons un peu par expérience si nous sommes engagés dans la vie de couple et de famille ou du sacerdoce et de la vie consacrée. L’appel du Christ et de la croix est d’aller plus loin, d’avancer vers le don total. Pour cela dit Jésus, il faut mourir à soi-même, c’est-à-dire, ne pas s’enfermer sur soi, s’ouvrir aux autres, à l’Autre qui est Dieu. Alors nous progresserons dans la communion avec Dieu, la vie éternelle.

En ce temps de carême laissons-nous attirer par le Christ qui nous adresse un appel au don de soi total.

Père Jean COURTES

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