La Bonne Nouvelle de ce dimanche nous est annoncée par deux veuves. Celle de Sarepta par fidélité à la parole du prophète accepte de mourir, elle et son fils, en donnant tout ce qu’elle a. Celle de l’évangile donne au Temple, tout ce qu’elle a pour vivre. Deux veuves, deux personnes seules, fragiles, pauvres, privées de maris et de ressources, mais qui donnent ce qu’elles ont parce qu’elles croient en Dieu. Elie va faire le miracle au nom de Dieu : la jarre de farine ne s’épuisera pas et le vase d’huile ne se videra pas ; c’est presque la vie éternelle ! Jésus ne dit rien sur l’avenir de la veuve, sauf qu’elle a mis beaucoup plus que les autres.
Ces deux veuves nous ouvrent le chemin du don et Jésus insiste. Nous sommes dans le Temple, le lieu de Dieu. Si vous croyez en lui, si vous voulez vivre avec lui, si vous cherchez à vous rapprocher de lui : donnez encore et encore. Donnez ce qui vous fait vivre, c’est à dire votre vie. Nous entendons bien, nous voulons bien, mais nous ne voulons pas mourir, or tout donner, n’est-ce pas le chemin de la mort ? Jésus qui loue le geste de cette pauvre veuve, sait que son chemin du don va passer par la mort. Dans l’évangile de Marc, quelques pages plus loin, il entre dans sa Passion seul, lui aussi. Le Temple sera détruit, les dons faits au Trésor ne serviront plus à rien, par contre la croix de Jésus se transformera en résurrection, nouvelle vie divine, éternelle.
Le chemin du don total est difficile, presque impossible à niveau humain. Qui peut arriver à s’oublier, à se jeter à corps perdu dans le don sans s’anéantir ? Certains de nos contemporains essaient de s’alléger et ce n’est pas les propositions qui manquent aujourd’hui : méditations de tout ordre, démarches psychologiques, psychanalytiques diverses, retraites spirituelles en ermitage ou monastères, etc. Et pourtant, il y a toujours un écart entre notre désir de tout donner et ce que nous pouvons faire.
En ce dimanche entendons l’appel de ces deux veuves : donner de son essentiel, donner de soi, se donner. C’est l’appel de l’amour ! Quand on aime on ne compte pas comme on dit, on se donne complètement, librement. L’amour est don. Ensuite, demandons à l’Esprit de Dieu de nous maintenir dans ce cap, car nous avons tendance à prendre des chemins de traverse qui nous ramènent toujours à nos égos. Enfin, partageons cet amour avec les autres, car les frères, les sœurs en humanité m’aident à vivre le don. Avec eux, avec Dieu, je suis sur le chemin du don qui est chemin de vie, de lumière et de plénitude.
Père Jean COURTES