L’évangile de ce dimanche est la suite chez St Matthieu de celui de dimanche dernier où Jésus demandait à ses disciples : « Qui suis-je ? » Pierre lui avait répondu avec sa foi : « Tu es le Christ », le Messie, celui que Dieu doit envoyer changer la vie de l’humanité et du monde. Mais Jésus avait insisté, pour vous, pour chacun qui suis-je ? Et la question est toujours d’actualité pour chacun.
Aujourd’hui, c’est une nouvelle étape car Jésus annonce son désir de retourner à Jérusalem. Il sait que l’opposition des anciens, des prêtres et des scribes sera plus forte, car ils ne supporteront plus sa prédication et ses gestes symboliques, comme les vendeurs chassés du Temple ou la distance qu’il prône vis-à-vis des interdits religieux et moraux. Il sait que sa parole est entendue et écoutée par le peuple et que sa popularité va grandissante. Les responsables religieux ne supporteront pas. Alors il prépare ses disciples à l’avenir : il sera contesté, arrêté, condamné, mis à mort et il ressuscitera. Propos intolérables pour Pierre, incompréhensibles pour les autres. Comment laisser faire du mal à un ami, à celui que l’on découvre comme un intime de Dieu, peut-être le Messie attendu ? Pierre refuse d’accepter cet avenir, il veut le sauver, agir.
Pierre, c’est vous, c’est moi : comment ne pas réagir quand un proche, un ami très cher est attaqué surtout si nous sentons qu’il y a de l’injustice ? Or, chaque fois, nous nous retrouvons sur le terrain du combat en utilisant les mêmes armes que l’adversaire. Prenons des exemples : un familier est victime de harcèlement moral, nous volons à son secours pour trouver les moyens de faire condamner son agresseur ; un intime est victime d’injustice, nous avons envie d’instruire le procès du bourreau, etc. Jésus dit clairement à Pierre : Stop, « passe derrière moi Satan car tes pensées ne sont pas celles de Dieu ». Jésus dit non à la violence, au combat, à celui qui veut un vainqueur et un vaincu. Il brise ce cercle de la violence car il est mortifère, il conduit à la mort et non à la vie.
Nous en faisons souvent l’expérience, quand il y a un vainqueur et un vaincu, la paix n’est pas au rendez-vous. Les vues de Dieu sont la miséricorde et le pardon qui mènent à la paix Pourtant, impossible de rester les bras croisés quand nous sommes attaqués. Oui, bien sûr, mais trouvons d’autres chemins que celui de la violence. Prenons des exemples : vous êtes en conflit en couple, en famille, au travail sur tel ou tel point qui vous pourrit la vie. Utilisez la communication non violente. Certes, elle va vous demander de prendre du temps, du recul, des efforts d’écoute et de patience, mai à terme, elle va vous amener sur le terrain du dialogue pour trouver une solution équitable et équilibrée.
Oui, les vues de Dieu sont celles de la reconnaissance, du respect, du dialogue, de la fraternité et de l’amour. Pour nous, chrétiens voilà notre challenge : sortir de la stérilité des combats, quand nous le pouvons, pour nous « battre » avec les armes de l’amour. L’Esprit saint nous a été donné pour cela. Peut-être y laisserons-nous notre vie, comme les moines de Tibhirine, des chrétiens en Inde et ailleurs dans le monde. Mais si nous voulons suivre le Christ, c’est le chemin de la Résurrection.
Père Jean COURTES