Quelle étrange légende ! Ils cherchent le roi des juifs et on les appelle les rois mages. Les siècles les ont habillés de brocarts et d’or alors que l’étoile les guide vers une étable. Ils offrent des cadeaux complètement décalés pour un nouveau-né. C’est le monde à l’envers car en ce jour-là toute l’humanité est mise sens dessus dessous : le ciel rejoint le terre, l’infiniment petit devient l’infiniment grand, tout s’effondre devant l’enfant Jésus à tel point que le monde va prendre un autre chemin. Il y aura un avant et un après Jésus-Christ !
Cette histoire qui nous fait rêver contient une Bonne Nouvelle : Dieu est venu en Jésus pour toute l’humanité. La tradition fait de Melchior un occidental un peu âgé qui porte l’or, Gaspard est un beau jeune asiatique imberbe qui apporte l’encens et Balthasar un africain dans la force de l’âge qui offre la myrrhe. Ainsi le monde entier est à la recherche de Dieu et peut le découvrir en Jésus.
Quelle étoile peut briller aujourd’hui pour nous guider vers lui ? Nous avons la chance d’en voir briller plusieurs dans les yeux de certains qui nous entourent ou que nous rencontrons. Ils nous indiquent par leurs yeux rieurs la joie de croire en Dieu et ils nous montrent le chemin du bonheur. Signes par milliers si nous regardons bien, comme ces nuits des étoiles au mois d’août où une féérie enchante nous yeux et nous entraine sur une autre galaxie.
Ce chemin de Dieu, l’enfant Jésus nous l’indique dans l’évangile. Nous pouvons sortir du cycle du pouvoir, de la recherche exclusive de soi, de la puissance, etc., dans lequel le roi Hérode est enfermé. La Parole de Dieu nous ouvre à une autre vie, celle du don, de l’amour, de la relation aux autres, de la fraternité, de la recherche ensemble d’une nouvelle vie. Le choix des mages a été inspiré par leur rencontre à la crèche. Rencontrer Jésus-Christ change nos vies, nos manières de voir les choses et les gens, nos jugements. Nous ne pouvons plus vivre comme avant. L’immigré sans papier que nous rencontrons dans la rue n’est plus un usurpateur qui coute et augmente le chômage, il devient un frère à accueillir et à aider. Le SDF à la porte du supermarché n’est plus un gêneur à oublier mais un frère à saluer et à qui sourire. Celui ou celle qui me klaxonne nerveusement parce que je n’ai pas démarré assez vite au feu vert n’est plus à mépriser ou insulter, mais un homme ou une femme qui a ses raisons d’être pressé, etc., etc.
En ce jour de l’Épiphanie, c’est-à-dire où Dieu se manifeste à tous, entendons le message : tout homme, toute femme est enfant de Dieu, nous sommes tous frères et sœurs et le chemin que nous sommes invités à prendre est celui de la fraternité, de la solidarité et souvent celui du pardon. Dieu nous appelle à l’ouverture : sortir de soi, de l’entre-soi et nous reconnaitre mutuellement interdépendants. En ce début d’année où nous prenons peut-être quelques résolutions, l’évangile nous invite à faire des choix pour vivre autrement.
Père Jean COURTES