Peut-être voulons-nous vivre ce Noël comme une parenthèse, tant nous sentons la gravité de ce moment dans l’histoire du monde. Déjà Isaïe au 8° siècle avant Jésus parlait du peuple qui marchait dans les ténèbres à cause des guerres, des déportations, et des conditions inhumaines d’existence. Sans noircir le tableau actuel, plusieurs facteurs nous inquiètent : la guerre en plusieurs points du monde, un dérèglement climatique qui met à genoux des populations entières surtout les plus précaires comme à Mayotte, le chapelet ininterrompu des migrants en quête d’une nouvelle vie et qui meurent en Méditerranée, etc. La liste est longue et il est inutile de la poursuivre car nous la connaissons bien. Dans notre monde tel qu’il est, pouvons-nous espérer ?
Bien sûr que oui, parce que nous avons des signes de vie, des indicateurs d’avenir, des sources d’espérance. Le plus visible et spontané est la naissance d’un enfant. Lorsque l’enfant parait, il est porteur d’un potentiel de vie, de nouveauté, de changement, qu’il nous indique un avenir possible. Pour lui, pour eux, nous voulons un monde où ils soient plus heureux, plus épanouis, plus vivants. Dans la nuit de notre monde, tous les enfants sont des étoiles qui brillent dans notre ciel et qui nous poussent vers l’avenir. Pour nous chrétiens, Noël est source d’espérance à plus d’un titre.
D’abord la naissance de Jésus est la réalisation d’une promesse de Dieu. Il a fait alliance avec un peuple et lui a promis de lui envoyer un Messie, qui changerait leur vie, leurs rapports à Dieu et aux hommes. En les libérant de tout ce qui pesait sur eux, il inaugurerait pour chacun et pour le peuple une vie nouvelle. Marie, Joseph, quelques bergers en ces jours de naissance entendent la Bonne Nouvelle. Elle nous est adressée 21 siècles plus tard : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux ! » Depuis, la vie, la mort et la résurrection de Jésus ont changé la vie de milliers de personnes et de nombreux peuples parce qu’ils croient fermement qu’avec lui, une espérance est possible.
Noël nous invite tous à renaitre, à revenir au cœur de cette alliance de Dieu avec l’humanité. Noël nous relie à la source de toute vie : l’amour. Regardons la crèche, regardons Marie, Joseph, les bergers, et autres personnages, car la tendresse et la joie se lisent sur leurs visages. Regardons le Fils de Dieu, Fils d’homme, qui nous tend la main pour que nous touchions le cœur de Dieu et celui des hommes et des femmes qui nous entourent. Les signes de Noël sont nombreux : à Gaza, la solidarité et l’entraide dans la détresse sont nombreux, dans les camps de réfugiés syriens au Liban aussi, en Ukraine de même, sans parler autour de nous des petits gestes de fraternité et de soutien pour les plus fragiles et les plus seuls. C’est Noël chaque fois qu’une renaissance est en marche.
Enfin, Noël est source d’espérance parce qu’il nous ouvre le chemin de la communion avec Dieu. Au pied de la crèche, Dieu nous attend et nous pouvons le rencontrer. Au pied de la crèche, il nous propose l’évangile de la Résurrection. Au pied de la crèche, il nous invite à vivre selon l’Esprit. En ce jour de Noël, le Christ nous appelle à l’espérance car il fait de nous des témoins de vie. Il nous sort de la nuit du monde, pour nous demander de manifester qu’avec un peu d’amour et de foi, notre humanité deviendra plus juste, plus fraternelle, plus humaine. En ce jour de Noël, le Christ nous appelle à devenir comme ces étoiles de nos nuits été que nous aimons admirer. En ce jour de Noël, relions-nous à notre source d’espérance : le Christ ressuscité.
Bon Noël à tous
Père Jean COURTES