Nous connaissons bien Jean le Baptiste. D’abord par sa naissance miraculeuse puisque sa mère Elisabeth était stérile, puis par son franc parler aux riches et aux dignitaires de la cour d’Hérode, puis sa vie simple de baptiseur au bord du Jourdain, puisqu’il était vêtu d’une ceinture de poil de chameau et qu’il se nourrissait de miel sauvage. Etrange personnalité qu’Hérode appréciait, tout en le craignant et qui finira la tête tranchée à cause de la belle Salomé et de la fureur de sa mère Hérodiade.
Pour nous chrétiens, Jean le Baptiste est à la charnière des deux Testaments. Il est celui qui fait le passage, qui nous introduit dans l’ère de Jésus, le Christ, Fils de Dieu, comme dit saint Marc au début de son évangile. Il est chargé d’annoncer sa venue et de préparer le chemin, c’est-à-dire les esprits et les cœurs. Pour cela il vit dans le désert et a une parole forte. Attention, le désert biblique n’est pas une vaste étendue de sable sans vie humaine, loin de là. Il est le lieu de la rupture, ce lieu où l’on vient pour réfléchir, prier, se préparer à une autre vie. Il est un espace de vérité où l’on reconnait ses fausses routes et la nécessité des changements. Jean le Baptiste se tient en ce lieu en prêchant la conversion des péchés, c’est-à-dire un changement de vie pour qu’une nouvelle ère s’ouvre pour le bien de tout le peuple. Et, il a du succès, nous disent les évangélistes !
Quel est son message et comment nous pourrions le traduire pour nous aujourd’hui ? Jean-Baptiste dénonce les excès de la société de son temps, les inégalités entre les riches et les pauvres, les excès de la cour d’Hérode. Il annonce que ce temps est terminé et que Dieu va envoyer un Messie pour renverser cet ordre des choses. Aujourd’hui, il dirait sûrement la même chose avec autant de virulence : dans notre monde les inégalités ne cessent de s’aggraver, l’immensité de la pauvreté s’étend encore au profit d’une minorité qui vit dans l’opulence et l’insouciance. Jean-Baptiste dénonçait aussi les injustices causées par la violence, l’égoïsme, etc. Rappelez-vous, il dénonçait aussi l’union entre Hérode et Hérodiade, comme illégale et adultère, parce qu’elle avait quitté Philippe, de demi-frère d’Hérode pour s’unir à ce dernier. Aujourd’hui, il n’aurait que l’embarras du choix pour prendre des exemples percutants sur des sujets moraux devenus courants. Aujourd’hui, il crierait au scandale devant les situations inhumaines dues à l’immigration. Il dénoncerait comme le pape François et bien d’autres, les morts en Méditerranée et l’égoïsme des états. Il fustigerait la corruption sous toutes ses formes. Il rappellerait le prix inestimable de toute vie humaine, etc.
Jean-Baptiste a eu de nombreux successeurs ; pour n’en citer que quelques-uns : François d’Assise, l’abbé Pierre, Mère Térésa, Martin Luther King, Paulin Enfert (qui a créé la Mie de pain). Tous par leurs prises de parole et leurs vies ont crié aux scandales d’un monde injuste et impitoyable pour les plus faibles et les plus fragiles. Tous ont annoncé qu’un autre monde est possible avec pour base fondatrice la fraternité et la solidarité. Tous ont puisé dans l’évangile et la vie du Christ la force de se battre pour un monde nouveau. Aujourd’hui encore ici et là, des hommes et des femmes se lèvent pour dénoncer l’inhumanité de notre monde. Pour nous chrétiens, Ils annoncent à leur manière la venue de Dieu. Ils nous entrainent sur leur chemin de justice et de sainteté.
Viennent Seigneur d’autres Jean-Baptiste pour réveiller notre monde et le sortir de son cycle de violence et d’autodestruction. Viens en notre monde pour changer sa vie !
Père Jean COURTES