Nous venons d’entrer en carême et l’évangile de ce dimanche nous rappelle les 40 jours que Jésus a passés dans le désert. Expérience de solitude, de dépouillement, de tête à tête avec soi et avec Dieu. Expérience où nous prenons conscience de ce que nous sommes, de nos capacités, de nos faiblesses, de notre corps dans sa force et sa fragilité. Cette expérience spirituelle est à faire et à refaire de temps en temps dans sa vie parce qu’elle remet bien les choses en place. En effet, nos vies s’encombrent au jour le jour de nécessités, d’envies, de choses à faire, d’obligations morales, bref, de tout un tas de choses dont nous pouvons nous passer. La force d’un temps de retraite, c’est justement de nous permettre de revenir à l’essentiel, de nous débarrasser pour un temps du superflu, de nous ouvrir à la vraie vie.
Pour les chrétiens, l’évangile est un guide sûr pour remettre les choses en place et à l’endroit. Il nous rappelle maintes fois que la tentation de l’avoir est une fausse piste. Pourtant la peur de manquer est toujours là en train de nous paralyser un peu dès qu’il s’agit de partager. Personne ne veut être sur la paille ou nu comme Job sur son tas de fumier. Mais l’évangile insiste : « va, ce que tu as, vends-le, donne-le aux pauvres et tu auras un trésor dans le ciel, puis viens et suis moi » Marc 10, 21. Difficile dépouillement même si nous ne pouvons pas aller jusqu’à cette radicalité. La règle du partage peut nous aider sur ce terrain. Savoir donner, partager avec ceux qui attendent de nous du pain, de l’écoute, de l’amitié, de l’affection crée en nous un espace où Dieu se tient.
L’autre tentation qui nous tient souvent est celle du pouvoir. Nous en avons tous un plus ou moins fort. Comment l’exerçons-nous ? sur qui ? Que cherchons-nous au juste ? Quand nous avons de l’influence sur quelqu’un comment agissons-nous ? Jésus fait descendre Zachée de son arbre pour le ramener à la réalité de sa vie et l’évangile fait de même pour nous. Retrouvons notre place d’enfants de Dieu, notre fraternité qui s’accommode mal d’une position en surplomb. Le pouvoir peut et doit être exercer au service des autres. La conversion n’est pas toujours facile à faire.
Enfin, dans l’évangile la gloire est réservée à Dieu seul. Il nous remet en place si nous avons quelques idées de grandeur et de gloire. Il ne s’agit pas de devenir des médiocres mais d’abandonner nos rêves de recevoir des félicitations permanentes pour nos bonnes actions. La vie de Jésus nous invite à la modestie, qui n’est pas toujours notre point fort.
En ce début de carême, nous qui prenons l’évangile comme guide, convertissons-nous, c’est-à-dire faisons le tri en notre vie. Gardons l’essentiel, abandonnons l’accessoire, restons ce que nous sommes : les enfants bien aimés du Père, appelés à vivre en fraternité avec tous. Un vrai challenge !
Père Jean COURTES