Se risquer pour vivre !   33° dimanche A    19 novembre 2023

Cette parabole des talents est bien connue et interprétée de bien des manières. Ne glissons pas trop vite vers les talents, les dons que nous avons reçu à la naissance, tels la peinture, la littérature, le chant, le bricolage, etc. Restons un moment sur cette affaire financière que Jésus raconte, il veut nous délivrer un message. Deux serviteurs ont risqué leur avoir, qui d’ailleurs est un don, et ils ont eu raison puisqu’ils ont doublé la mise. Le troisième a eu peur du maître et il a enterré son talent. La peur n’est jamais bonne conseillère et il est blâmé pour son geste. L’argent qui ne sert pas n’a pas de valeur en soi. Morale de l’histoire : la vie est dans l’activité, l’inter relationnel et non au cimetière dans le séjour des morts. La vie est une aventure et l’humanité se construit en travaillant à plus de fraternité et de solidarité pour un avenir plus responsable. 

Tentons une seconde lecture. Le maître qui représente Jésus confie à ses disciples, l’Eglise, sa Parole. Certains l’annoncent avec zèle et cela produit plus de personnes qui l’écoutent et qui en vivent. Nous pouvons le constater avec des grands rassemblements, JMJ, pèlerinages à Lourdes par exemple, mouvements spirituels nombreux et variés qui essaient d’annoncer la Parole de Dieu dans tous les milieux et les parties du monde. Mais d’autres enterrent cette Parole en l’enfermant dans des règles, des obligations, des rites par peur de dérives. Aujourd’hui notre Eglise est entrée dans une phase de vérité, de purification et de réparation, et c’est heureux ! Aujourd’hui, notre Eglise est félicitée par le monde entier pour son courage à regarder son passé et son présent récent, à être vrai avec elle-même, ainsi elle annonce la Parole de Dieu. Aujourd’hui, notre Eglise déterre des cadavres pour dénoncer des scandales qu’elle reconnait, qu’elle n’a pas su et pu voir à temps et qu’elle a laissé faire. Notre Eglise, par sa sortie de crise en vérité, annonce que tout homme, toute femme sont une histoire sacrée parce qu’enfants de Dieu à faire grandir, protéger et accompagner. 

Dans la parabole le jugement du maître pour le fossoyeur est terrible puisqu’il est jeté dans les ténèbres extérieures où il y a des pleurs et des grincements de dents. Notre Eglise en se ressaisissant dans la vérité, sort de l’obscurité et adresse au monde une Parole de vie qui est écoutée. Quand le pape François parle d’écologie, il est écouté bien au-delà de l’Eglise ; quand il parle de l’immigration, il est écouté même si ce qu’il dit ne plait pas à tout le monde ; quand il parle de la famille, il est écouté. Cela ne veut pas dire qu’il est entendu et que ce qu’il dit va être mis en place. Mais sa parole sensibilise, questionne, fait réfléchir. Quand notre Eglise tente de « faire Eglise » par un synode, elle fait fructifier des talents et donne à d’autres communautés, d’autres peuples, l’idée de mettre tout le monde au travail pour le bien de tous. La Bonne Nouvelle est alors proclamée, elle est en marche et elle donne un message d’espérance, de fraternité et de paix si précieux aujourd’hui. 

Risquons-nous ensemble, en Eglise, pour donner de la vie à notre monde !

Père Jean COURTES

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