La question des fils de Zébédée peut nous paraitre enfantine : vouloir être les plus près de Jésus dans la gloire c’est-à-dire l’au-delà. Ils veulent être les seuls dans le pré carré. Mais les disciples comprennent bien leur technique d’élimination ou de leur mise à distance et ils protestent. Jésus va leur enlever leur illusion en procédant en deux étapes : d’abord leur dit-il, êtes vous capables de me suivre dans les épreuves que je vais traverser ? Ensuite il leur dit qu’ils se trompent d’interlocuteur car il ne décide pas qui sera à droite ou à gauche de lui dans le Royaume de Cieux. C’est un autre qui décide, même s’il reconnait leur courage à le suivre.
La seconde partie de l’évangile nous rejoint plus car elle porte sur le pouvoir et notre rôle de disciple du Christ dans le monde. Le chrétien est par nature un serviteur. S’il exerce une fonction qui lui donne un pouvoir c’est pour servir un groupe ou une communauté humaine. Le chrétien à l’exemple de Jésus donne sa vie, c’est-à-dire, de son temps, de sa compétence, de son énergie, de son travail, etc. pour permettre à d’autres de grandir en humanité et à se rapprocher de Dieu. Or, le service ne paie pas ! Il use au quotidien, il est souvent ingrat et se fait dans l’ombre.
Nous chrétiens, acceptons-nous d’être au service des hommes ? Acceptons-nous d’être au service de notre quartier, de notre immeuble, de nos familles, de nos groupes d’amis, etc. ? Nous, chrétiens cherchons-nous des privilèges, de la reconnaissance quand nous nous mettons au service de notre société ? Beaucoup de questions et de réponses variées : oui, chaque fois que des chrétiens accueillent des immigrés, font des maraudes, répondent à un appel pour aider, accompagner, soulager, etc., ils suivent le chemin du Christ serviteur. Oui, chaque fois que seul ou en groupe, nous créons du lien, de la fraternité, nous servons notre humanité. Oui, chaque fois que seul ou ensemble nous apaisons des peurs et des conflits, nous sommes au plus près de l’évangile.
Cet évangile interroge aussi notre Eglise, prise dans la tourmente des abus sexuels. Est-elle l’Eglise servante voulue par Jésus et le concile Vatican II ? Ne répondons pas trop vite par oui ou par non, c’est plus complexe. En tout cas l’objectif est clair : notre Eglise de France doit prendre le chemin de l’humilité et du service de notre humanité. C’est sa raison d’être, sa seule façon d’annoncer l’évangile. Nous sommes l’Eglise, ensemble changeons les choses !
Père Jean COURTES