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Caravane : vocation de Matthieu

Quel évangile déroutant ! Jésus en racontant cette parabole veut-il faire l’éloge des combinards qui font des fausses factures ? Comment féliciter tous les escrocs qui grugent leur patron, leur entreprise, le fisc, etc., qui en fin de compte aboutit à mettre des gens au chômage et à accroître la pauvreté ? Que veut dire Jésus à ses disciples ? Quelle Bonne Nouvelle pouvons-nous entendre dans ce récit ?

Attention, Jésus raconte une parabole, une histoire inventée et une fausse piste serait de vouloir tout de suite nous identifier avec tel ou tel personnage. Ne prenons pas la place de l’intendant, ne mettons pas Dieu à la place du propriétaire et les autres sous les traits des débiteurs. C’est peut-être un peu plus compliqué car Jésus propose peut-être un autre monde et un choix de vie à faire. Lesquels ?

Un autre monde que celui dans lequel nous vivons où l’argent tient une place non négligeable. Il parait incontournable et souverain, il nous fait vivre sous un régime d’une certaine justice, et nous sommes obligés de faire avec. Nous sommes très ingénieux pour prévoir avec lui l’avenir, nous mettre à l’abri du besoin, assurer pour nous et nos enfants la vie la plus agréable possible. Ou au contraire, il est un souci permanent pour finir le mois, faire face à l’inflation et espérer une amélioration de sa condition de vie. L’argent est au centre de nos vies. Il règle en grande partie les rapports sociaux. C’est un fait, il tient une place primordiale dans la vie du monde. L’Eglise ne le condamne pas en tant que tel et l’évangile d’aujourd’hui loue même ceux qui agissent avec ingéniosité à son égard. Pourtant Jésus met souvent ses disciples en garde contre le pouvoir de l’argent et ses conséquences sur la vie des gens. Avec lui, il peut y avoir le meilleure et le pire. Cet évangile se termine d’ailleurs par cette phrase lapidaire : nul ne peut servir à la fois Dieu et l’argent. 

La parabole propose un autre choix de vie. Cet intendant malhonnête met tout en œuvre pour vivre heureux après sa gérance. Ce bonheur repose sur ses relations avec les autres. Autrement dit, cette histoire met en lumière que le système, la logique, l’enfermement, dans lesquels l’argent nous cantonne souvent est une impasse. Le bonheur qu’il procure est éphémère, factice, propice à tous les magouillages. Le vrai bonheur est à chercher dans les relations humaines. Certes, le procédé que prend l’intendant pour se faire des amis est condamnable, mais la solitude dans laquelle l’enferme l’argent est à fuir. Tout pour l’éviter, voilà ce qui peut être loué dans cette histoire.

Mais allons plus loin : dans cette nouvelle vie, l’argent devient secondaire, il ne fait plus la loi, il ne régit plus en maître les relations avec les autres. Dans la parabole l’intendant joue avec de manière arbitraire : à l’un il remet 50% de la dette et à un autre 20%. Place à une vie autre où tout ne se calcule pas, où la relation entre les gens est libre et gratuite, où la fraternité, la solidarité et l’amour sont possibles. Nous rejoignons par là le message de Jésus : il faut choisir entre nous laisser gouverner par l’argent ou établir des relations fraternelles et humaines. Choix peut-être difficile, mais nécessaire pour le disciple.

Ce message s’adresse aussi à notre Eglise et à nos communautés. Elles gèrent des fonds, de l’argent. Que cherchent-elles ? Visent-elles à le mettre au profit de cette humanité nouvelle que nous désirons tous ?

Père Jean COURTES

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