2ème dimanche du temps ordinaire

16/01/2022

Les noces de Cana

Lectures : Is 62, 1-5; Ps 95 (96); 1Co 12, 4-11; Jn 2, 1-11

« On manqua de vin », le problème est posé.

Quel est donc la signification du vin dans la parole de Dieu ?

Nous lisons dans le livre des Juges 9 ; 13: «Et la vigne leur dit : Vais-je renoncer à mon vin, qui réjouit les dieux et les hommes pour aller m’agiter au-dessus des arbres ?».

Dans le Psaume 104 ; 15 : « Le vin réjouit le cœur des humains en faisant briller les visages plus que l’huile. Le pain réconforte le cœur des humains ».

Nous pouvons comprendre par ces passages que le vin ici est assimilé à la joie ; le vin devient même symbole de vie. L’ivresse procure la plénitude de la vie (cf Proverbes 31,5-7).

Lorsqu’il arrive à manquer de joie à la fête, c’est que nous sommes à la tristesse et le désespoir s’ensuit, voire une petite mort.

C’est là que le récit de Saint Jean dans l’évangile de ce jour devient intéressant, il devient intéressant car :

« La mère de Jésus était là » L’évangile ne donne pas de précision sur la manière dont Marie a su qu’il manquait du vin mais elle était là, humble mais attentive, à porter à son fils le besoin de l’instant.

Dans l’évangile, on ne la nomme même pas, elle est simplement réduite à son état de féminité. Et pourtant, elle a bien un rôle majeur dans ce récit. On peut même dire que malgré la phrase qui peut paraitre déstabilisante « Femme, que me veux-tu ? Mon heure n’est pas encore venue. », elle ne s’était aucunement indignée et surtout ne sait pas tu ; Elle a eu confiance et a juste continué la mission du prophète Isaïe qui dit dans la 1ère lecture : « Pour la cause de Jérusalem, je ne me tairai pas ».

Résultat, Jésus lui a répondu et six jarres d’eau se sont transformées en vin pour redonner vie à la fête.

Notre monde d’aujourd’hui n’est pas non plus à la fête, il manquerait d’ivresse : l’incertitude due à la la pandémie, la crise que nous traversons dans notre Église, les divisions dans certaines situations… ; saurons-nous agir comme Marie dans l’unité de l’esprit ou nous laisserons nous déstabiliser ?

Lorsque nous sollicitons Dieu, il nous répond.

« Jésus aussi avait été invité », D’abord, il répond à l’invitation pour les noces. Remarquons son empressement à se réjouir d’un engagement dans un amour humain ; il est là au milieu des hommes.

Puis, à la demande et la foi de sa mère transforme l’eau en vin et tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit. D’une part, à travers cette présence à ce mariage, Jésus nous renvoie à un message fort, celui du mariage de Dieu avec son peuple. D’autre part, en nous plongeant dans sa vie, nous pouvons dire que ce premier signe augure déjà sa mission. L’eau de ces jarres de pierre à Cana est une eau cultuelle destinée à un usage religieux typique de la Loi de l’Ancienne Alliance. Avec la transformation de cette eau là en vin, nous assistons ici au passage de l’Ancienne Alliance à la Nouvelle, où le vin symbolise le don de l’Esprit Saint qui résume et récapitule tous les dons que Dieu veut nous communiquer par la foi en son Fils Jésus Christ. C’est cette alliance symbolisée par le repas qui a été immortalisé et que nous continuons de célébrer à chaque eucharistie « Puis, ayant pris une coupe et ayant rendu grâce, il la leur donna, en disant : « Buvez-en tous, car ceci est mon sang, le sang de l’Alliance nouvelle et éternelle, versé pour la multitude en rémission des péchés. »

Saint Jean nous parle aussi d’un troisième type personnage : Les serviteurs, cela peut paraître un détail, mais observons leur attitude ; à aucun moment on entend le son de leur voix : ils sont discrets, efficaces, d’une certaine manière obéissante, car Marie et Jésus qui leur donnent de nouvelles consignes ne sont que des invités, et Jésus n’était pas encore reconnu. Pourtant ils ont fait ce qu’il leur a demandé. Ils ont dû percevoir en même temps que Marie que le manque de vin allait perturber cette fête d’une Alliance entre un homme et une femme. On pourrait dire que dans cette union humaine, il manquait une présence divine. Mais de leur place, n’étant ni maître de repas, ni mariés, ils n’ont fait qu’obéir à un ordre qui peut paraître curieux « Remplissez d’eau les cuves. » et « Maintenant, puisez, et portez-en au maître du repas. »

De l’ensemble de ces analyses, nous pouvons remarquer que, pour la réussite de ce miracle, chaque acteur dans le récit est important :  Marie par son attention, Jésus par sa réponse à la sollicitation, les serviteurs par leur obéissance, le maître de cérémonie pour sa reconnaissance… Cela nous renvoie à la lettre de saint Paul qui fait référence à la diversité de l’humanité dans l’union. En effet, nous naissons avec des dons diversifiés mais tous ces dons sont unis par le lien sacré de l’esprit. Il n’y a pas une personne qui possède tout, le don est réparti. C’est dans l’unité de l’esprit que nous arriverons à faire des miracles.

Pour conclure, nous vous invitons à méditer avec nous cette Prière du pape François dans Fratelli Tutti

Prière chrétienne œcuménique

Notre Dieu, Trinité d’amour,

par la force communautaire de ton intimité divine

fais couler en nous le fleuve de l’amour fraternel.

Donne-nous cet amour qui se reflétait dans les gestes de Jésus

dans sa famille de Nazareth et dans la première communauté chrétienne.

Accorde aux chrétiens que nous sommes de vivre l’Évangile

et de pouvoir découvrir le Christ en tout être humain,

pour le voir crucifié dans les angoisses des abandonnés et des oubliés de ce monde

et ressuscité en tout frère qui se relève.

Viens, Esprit saint, montre-nous ta beauté reflétée en tous les peuples de la terre,

pour découvrir qu’ils sont tous importants, que tous sont nécessaires, qu’ils sont des visages différents de la même humanité que tu aimes.

Amen !

Mireille, Isabelle, Grégoire

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