5ème dimanche du temps ordinaire

06/02/2022

La pêche miraculeuse

Lectures : Is 6, 1-2a.3-8-5; Ps 137 (138); 1Co 15, 1-11; Lc 5, 1-11

  1. Les messagers

Les trois textes du jour parlent des messagers de Dieu. On voit d’abord les messagers célestes, les anges, les séraphins, puis entrent en scène des messagers humains, le prophète Isaïe, l’apôtre Simon-Pierre et, enfin, Paul.

À la fin du psaume, Dieu demande « qui sera mon messager ? » et Isaïe répond « me voici, envoie-moi ».

Dans l’évangile de Luc, Jésus demande à Simon de jeter ses filets. Il les retire si chargés de poissons que Simon en est effrayé. Jésus lui dit : « sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras ».

Malgré les doutes, les frayeurs et, même, les trahisons de ce dernier, Jésus l’appellera « Sépha », le roc. Il lui confiera son église. Pierre, toujours inquiet, dans son petit épître met en garde contre les faux-prophètes, les messagers humains ne sont pas infaillibles.

Paul, n’a pas connu Jésus de son vivant, mais il a connu les apôtres.

Lui aussi, il nous dit qu’il a reçu une mission : il veut proclamer la parole.

Il annonce l’évangile. Il parle à la première personne. Il insiste beaucoup : « la bonne nouvelle que je vous ai annoncé » ; « si vous le garder tel que je vous l’ai annoncé ». Il dit « je ». Le trio d’évangile nous invite-t-il, nous aussi, à dire « je » ?

2. La présence silencieuse

Il y a dans le trio d’évangile quelqu’un de plus silencieux que les deux autres. Il a parlé de son recueillement à la messe du dimanche. De son désir de se poser, d’être là, de la sérénité de cette intériorisation.

On peut aussi avoir besoin de se rassembler et de cheminer à l’intérieur de Soi. Être messager, c’est aussi témoigner de cette Présence intérieure silencieuse et aimante.

Aujourd’hui, que signifie l’évangélisation dans un contexte où le mondialisme a donné naissance à des puissances économiques qui dépassent l’imagination et qui peuvent réduire à néant la personne humaine ?

Le trio d’évangile nous a fait vivre une expérience forte et des sensations paradoxales. D’abord, la joie de notre rassemblement et de nos échanges, mais ensuite, devant la difficulté à rassembler nos idées, la peur de la dispersion.

Dans les textes que nous avons lus, on voit aussi ces deux mouvements, un mouvement qui rassemble et un mouvement qui envoie au loin. Ces deux mouvements sont-ils contradictoires ou complémentaires ?

Le père Theillard de Chardin avait abordé cette question à une échelle stupéfiante. Face à la découverte scientifique du Big Bang, c’est à dire la découverte d’un point de divergence et d’expansion infini de l’univers, il proposait Jésus comme point de convergence infinie.

3. La communauté, l’Église

Ces lectures ont amené le trio d’Évangile à se poser les questions suivantes :

Est-ce que, aujourd’hui, chacun de nous peut dire comme Isaïe : « envoie-moi » ?

Sommes-nous capables de sortir de l’entre-soi pour aller à la rencontre des autres ? Aller chercher l’autre ? Peut-être pas le prendre au filet, mais lui tendre une perche et l’embarquer ? L’entraîner avec soi ?

Les barques de Jésus aujourd’hui, ce sont nos actions, nos initiatives pour faire communauté, pour vivre en frères et sœurs dans un monde où il est de plus en plus compliqué de témoigner de sa foi, dans un monde athée, laïc, un monde qui se voudrait peut-être même sans Dieu.

Jésus montre à Pierre que l’espérance et la foi sauvent.

Pierre ramène un filet plein de poissons. Dans la symbolique chrétienne, le poisson est synonyme d’abondance, de vitalité. Il est le symbole du Christ et du chrétien. Cette abondance a mille visages.

Notre église est constituée d’une diversité de personnes. Cette diversité fait sa richesse. Les différences sont la richesse du monde. Paul le rappelle dans un autre chapitre plus loin (première lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens (12, 12‑30) tous les membres du corps ont leur utilité. Nous sommes le corps du Christ, nous sommes ses membres chacun pour sa part.

Dieu a envoyé son fils Jésus pour nous montrer le chemin, pour suivre sa voie en étant à l’écoute de sa voix. À une époque où le doute domine, où la peur est obsédante, la voix du Seigneur est parfois difficile à entendre.

L’homme accablé par son péché, par ses remords, par sa tristesse, est aidé dès lors qu’il tourne son regard vers Dieu. Jésus nous rappelle que Dieu est un Père d’amour qui ne reste jamais insensible à nos prières.

La présence de Dieu dans nos vies n’est pas qu’individuelle. Elle passe aussi par le témoignage, par un mouvement vers l’autre.

Nous tous, dans notre communauté, nous sommes appelés à marcher à la suite de Jésus, à être ses témoins, en toute confiance.

Christine Colin, Cécile Adamou, Duc Nguyen

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