La figure de Jean Baptiste, haute en couleurs, fort en paroles, ascétique par son style de vie marque ses contemporains. « Convertissez-vous, changez de vie, car celui que vous attendez, viens. » Alors chacun s’interroge : que devons-nous faire ? « Rendez droits ses sentiers, produisez un fruit digne de la conversion. » L’évangéliste Luc donne plus de précisions : à tous il disait : si quelqu’un a deux tuniques, qu’il partage avec celui qui n’en a pas ; si quelqu’un a de quoi manger, qu’il fasse de même ; aux percepteurs d’impôts de ne rien exiger de plus que le barème légal ; aux militaires, de faire respecter la loi sans violence et de ne pas en profiter pour s’enrichir. »
Se convertir, changer de vie, rendre droits les sentiers, voilà les objectifs de l’Avent à se fixer personnellement, collectivement et ecclésialement. En effet, il s’agit de se préparer à une rencontre, celle du Christ-Jésus. Pour cela, il faut dégager l’horizon, raboter quelques bosses, faire tout pour qu’il puisse venir à notre rencontre, que nous puissions aller aussi à sa rencontre. Examen de conscience, non seulement pour se reconnaitre pécheur, mais pour faire la vérité et décider des changements possibles avec l’aide de Dieu et des autres. Comme dit saint Jean dans son évangile : « la vérité vous rendra libres » (et épanouis ndlr). Le changement n’est jamais facile et en général une confession ne suffit pas. Continuons ce chemin long qui nous demande effort et lucidité. Pour cela nous avons la boussole du Baptiste : la fraternité, le partage, la justice et la vérité.
Sur le plan collectif nous sommes tous appelés à nous convertir, à changer nos habitudes, pour vivre autrement. Les crises climatiques, énergétiques, économiques, etc. nous pressent en ce sens. Nous le savons nous ne pouvons plus vivre dans l’insouciance de l’abondance. Il est urgent de sauver notre planète et la maison commune, nous n’avons plus le choix. Nous devons nous raisonner pour réduire notre consommation d’énergie, rouler moins vite, prendre les transports en commun, etc. Se convertir collectivement exige des choix où chacun va penser au bien commun. Nous connaissons le chemin à prendre pour nous et les autres peuples en particulier les moins favorisés, à nous de poursuivre avec persévérance et confiance. Il s’agit de la vie de toute l’humanité et notre Dieu vient en elle, marche avec elle et veut lui annoncer la Bonne Nouvelle qu’il l’aime.
Enfin, la conversion demandée par Jean le Baptiste concerne aussi notre Eglise. Nous le savons, non seulement par des scandales, des disfonctionnements, le malaise de certains de ses cadres, mais aussi par les remontées du dernier synode, le peuple de Dieu attend des changements profonds pour qu’elle annonce avec plus de justesse et de vérité la présence du Christ dans le monde. Elle a commencé le travail qui sera de longue haleine et qui mobilise tous les fidèles. Notre Eglise essaie de changer, de sortir de l’entre soi pour rejoindre les hommes et les femmes qui sont loin d’elle. Elle se bat contre le repli, l’inertie, le poids du passé. Son chemin de conversion sera long mais elle bénéficie de nombreux Jean Baptiste sur sa route. A chacun d’entre nous de se mettre en chemin pour la faire changer. Ne l’oublions jamais, l’Église, c’est vous, c’est moi, c’est nous. Le cri de l’évangile nous est adressé. Répondons avec confiance car il nous attend, il vient à notre rencontre et nous marchons vers lui.
Père Jean COURTES