Un cœur de Père !

Rembrandt

Un père de famille, comme il y en a des milliers dans le monde, voit ses deux fils se disputer violemment au point de se séparer. Tous les deux travaillent avec leur père sur le domaine viticole. L’ainé est sérieux, compétent, travailleur, alors que le cadet est relax, artiste et dans l’improvisation. Presque tout les oppose et tout le monde souffre de cette situation devenue conflictuelle avec le temps. Le cadet décide de partir au grand soulagement de son frère. Sur la demande du cadet, le père partage son héritage et le voit partir le cœur serré. Ils ne se verront plus pendant plus de 20 ans. Au soir de sa vie, le père décide sur l’insistance de leur mère d’écrire à ses deux fils.

« Mes enfants, je n’ai plus que quelques mois à vivre et je voulais vous dire à tous les deux que je vous aime. Certes, vous êtes différents, mais je vous aime tel que vous êtes. Toi, mon fils ainé, j’aime ton application au travail, ta compétence, tu as fait prospérer ce domaine et tu l’as mis en « bio » ce que je ne pouvais pas faire. Tu es estimé des employés, de notre clientèle fidèle et de ceux qui viennent découvrir notre nouvelle gamme de vin. Je te remercie infiniment pour tout cela, car tu le sais, le domaine c’est ma vie ! J’aime aussi ton souci attentionné pour ta mère et moi. Pour nos vieux jours, quelle chance ! Tous tes amis fidèles sont devenus au fil des ans un peu nos enfants. Pour tout cela et toute cette joie que tu nous donnes je te remercie et je ne te remercierai jamais assez. Une seule chose me pèse et me peine profondément : ta brouille avec ton frère. J’en connais les raisons et même je suis d’accord avec toi sur certaines. Je souffre de votre séparation et de votre opposition. Le plus grand et beau cadeau que tu pourrais me faire avant que je ne quitte cette terre est de vous réconcilier, de vous revoir, de vous parler calmement et ensuite si c’est possible de renouer entre vous, de vous embrasser. Avec ta mère nous avons essayé de te transmettre ce message du Christ qui nous tient à cœur : « Aimez-vous les uns les autres ». Voilà, c’est écrit, c’est mon testament spirituel qui est mon espérance qu’il puisse se vivre sous mes yeux, pour que je puisse vous embrasser ensemble avant de partir. Je t’aime !

Toi, mon cadet, ton absence prolongée me fait très mal. Je suis en manque de ta fantaisie, de tes étourderies, de ton rire malicieux, du regard que tu portes sur la vie et les gens. C’est sûr que pour nous la vie avec toi n’était pas un fleuve tranquille, mais tu nous es indispensable. Tu peux légitimement m’en vouloir de t’avoir avec ta mère, imposé des règles, des lois pour vivre en famille. C’est vrai que je ne t’ai pas toujours compris et que je n’ai pas pris de temps de t’écouter pour te comprendre. Aujourd’hui, je m’en veux de ne pas t’avoir manifesté mon attachement et mon amour. Je t’aime profondément et je pleure de ton départ et de n’avoir aucune nouvelle de toi, de ne savoir ni où tu vis, ni ce que tu deviens. Oui, je t’aime autant que ton frère. Je ne t’aime pas moins ni plus, mon amour ne peut se diviser. Je vous aime passionnément tous les deux. Tu me manques profondément, la blessure fait toujours mal. J’en meurs petit à petit. Alors avant de quitter cette vie, j’ai une requête à te faire : reviens, viens embrasser ta mère et moi ; le passé est passé ; viens dans nos bras pour que nous vivions heureux et en paix. Le pardon est prêt, il suffit de le vouloir et de le vivre. C’est vrai, tu t’en doutes, la plus grande joie serait qu’avec ton frère vous vous réconciliez. Il suffit que tu viennes et d’une parole, d’un regard, le reste viendra naturellement. Dans ma longue vie, j’ai appris que tout est possible entre nous, si nous le voulons. Ces deux pas que je te propose sont difficiles pour toi et pour nous, le temps creuse la distance ! Pourtant si tu le veux, c’est possible, car ta mère et moi nous n’attendons que cela. J’espère ton retour et que l’amour nous réunisse tous les quatre.

         Je t’aime profondément

Dieu est notre Père, il nous attend. L’Eglise est le peuple de Dieu, il attend son changement.

« Dieu notre Père, tu nous aimes tendrement pour notre bonheur et pour le tien, éclaire nos chemins de réconciliation par ta miséricorde. Nous comptons sur ta force et ton amour. Amen ».

Père Jean COURTES

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