
L’évangile de Cana nous invite à une noce et peut-être rappelle-t-il à certains d’entre nous leur mariage religieux s’ils avaient choisi cet évangile. Un mariage, une fête, la joie d’une alliance, d’une nouvelle vie qui commence pour les mariés. Mais où sont-ils ? La mariée n’est pas mentionnée et le marié lui, est interpellé par son beau-père à la fin sur la qualité du vin servi. Étrange !
Les acteurs principaux sont clairement Marie et Jésus. Leur dialogue est bref et semble un peu tendu. Marie constate le manque. Elle est pragmatique et veut éviter la catastrophe sociale. Imaginez si c’était arrivé à votre mariage ou à celui d’un membre de votre famille ou d’un ami ! Elle sait, elle sent que c’est le moment, l’heure où son fils, Jésus doit se manifester comme Fils de Dieu, doit commencer une nouvelle vie. Alors elle se lance. Jésus hésite : « mon heure n’est pas encore venue ». Ils sont sur la même longueur d’ondes. Pourtant, il va y aller, il va se révéler comme Fils de Dieu, il va faire ce signe très signifiant, il va sauver la fête, le vin non seulement ne manquera pas, mais il sera meilleur.
Dans la vie tout se joue dans la relation. Par son intervention, Marie ouvre à Jésus la possibilité d’inaugurer une autre vie, la vie pour laquelle il est né. Jésus hésite, pressent que l’avenir sera difficile, mais il n’a plus le choix, il faut qu’il se lance. Il y va. Marie fait confiance : « tout ce qu’il vous dira faites-le ». Elle ne sait pas ce qu’il va faire. Dans toute relation humaine la confiance est fondamentale. Elle est cette foi en l’autre qui fait naitre du nouveau et ouvre un avenir possible et paisible.
A ce mariage, vu le nombre d’invités, il y a suffisamment de lavabos, de bassines pour que tous puissent être propres avant la fête. 600 litres d’eau ! Comme tout est à sec, Jésus demande de les remplir et voilà que l’eau de la purification devient le vin de la fête. Tout le monde en est bénéficiaire, tout le monde peut en goûter, peut se réjouir et faire la fête. Mais Jean nous dit bien que c’est un signe qui va plus loin que ce mariage puisque Jésus manifeste sa gloire – il est de Dieu – et que ses disciples crurent en lui.
Jésus fera d’autres signes comme celui-là qui manifesteront son lien particulier avec Dieu son Père : multiplications des pains, marche sur les eaux, guérison d’aveugles, etc. Chaque fois se révèle un peu plus sa filiation divine et sa mission. Elle trouvera son point d’orgue à la Résurrection et les disciples feront cette expérience extraordinaire d’une nouvelle présence, d’une nouvelle vie avec lui. Alors, ils vivront leur vie nouvelle comme une noce où le vin ne manquera plus puisque le Christ mort sur la croix, ressuscité, se donne en abondance à tous ceux qui croient en lui.
Il y avait du manque, il a permis une révélation, une vie nouvelle. Dans nos vies, le manque crée le désir et celui-ci est un moteur de recherche. Puissions-nous manquer de signes de Dieu pour les chercher au cœur de ces relations humaines que nous tissons et qui nous tissent. C’est sûrement une des Bonnes Nouvelles de cet évangile.
Père Jean COURTES