Jean-Baptiste, quel homme étrange, quel destin à part ! Il va rendre témoignage toute sa vie à la Parole de Dieu. Il prêche l’alliance, la conversion du peuple pour qu’il retrouve le chemin de Dieu. Il a quelques disciples et des gens viennent le voir pour savoir ce qu’il fait faire pour être plus proche de Dieu. Il attend toujours le Messie. Il sait qu’il ne l’est pas et qu’il doit préparer le chemin car le temps de sa venue est proche. Bien sûr, il a entendu parler de Jésus, de ce qu’il dit et fait, et il se pose la question : est-ce lui ou devons-nous en attendre un autre ? Il sera décapité sans réponse claire. Pourtant, il lui rend témoignage : il croit que Jésus est le Fils de Dieu.
Nous chrétiens, nous sommes chargés d’annoncer que le Christ est ressuscité, qu’il est le Fils de Dieu, qu’il est vivant aujourd’hui et qu’il le sera demain. Si nous croyons en lui, nous devons témoigner de sa présence et nous savons que c’est difficile. Oui, c’est difficile car notre foi au Christ n’est pas démontrable, obligeant la raison, indispensable à notre vie. Elle est de l’ordre de l’amour, d’une relation personnelle qui se tisse au fil du temps et qui est intime. Pudeur d’en parler, peur de ne pas trouver les mots justes, appropriés, pour dire ce que nous vivons sans passer pour des illuminés, est souvent ce qui nous retient à nous exprimer. Alors que fait l’Esprit saint, car si nous ne parlons pas, si nous ne témoignons pas de notre foi, comment d’autres peuvent-ils découvrir le Christ et l’amour de Dieu pour eux ? Si nous sommes chrétiens, croyants aujourd’hui, c’est parce que des hommes et des femmes nous ont révélés l’importance pour eux de la foi, de l’évangile, de la résurrection de Jésus.
Saint Jean dans ses écrits nous invite à rendre témoignage par nos paroles et nos actes. Parler aujourd’hui le langage de l’évangile, ce n’est pas répéter des formules, mais redire la Bonne Nouvelle avec nos mots, nos exemples et nos faits de vie. Si nous faisons des liens entre la parole que nous entendons et la vie que nous menons, alors elle devient Bonne Nouvelle pour nous et pour les autres. Prenons l’exemple de l’évangile d’aujourd’hui : Jean-Baptiste un homme qui croit, qui doute, qui cherche le Messie, qui essaie de changer sa vie et celle de ses contemporains, à qui nous fait-il penser aujourd’hui ? Pour moi, plusieurs visages apparaissent : Pierre, Olivier, Anne, Claire, etc., mais aussi Maurice Bellet, Joseph Moingt, Mère Térésa, Sr Emmanuelle, Paulin Enfer, etc. Ils sont tous pour moi, des repères, des étoiles, des feux verts pour vivre l’évangile.
L’autre jour, je rencontre un couple qui vit des difficultés sérieuses depuis longtemps. Ce matin, il me téléphone pour me dire que les fêtes se sont bien passées parce qu’ils ont échangé une parole de pardon. « C’est loin d’être le beau fixe me dit-il, mais nous vivons mieux ». L’évangile se vit concrètement avec ceux qui nous entourent. « Heureux les artisans de paix » dit Jésus, en sommes-nous un ? « Heureux les doux », mettons-nous de la douceur dans nos propos et nos relations ? « Heureux les miséricordieux », est-elle une priorité pour nous ? Etc. Nous avons reçu l’Esprit de Dieu pour témoigner par toute notre vie que nous sommes chrétiens.
N’ayons pas peur, osons une parole de foi vraie, vécue en profondeur, elle nous convertira et touchera ceux qui nous entourent.
Père Jean COURTES